Ce lundi 20 juin 2011, s’ouvre à la Haute Cour de Kigali, le procès contre Mme Victoire Ingabire Umuhoza, Présidente des FDU-Inkingi, parti d’opposition que les autorités rwandaises refusent toujours de reconnaître. Officiellement, elle est accusée : d’idéologie du génocide, de collaboration avec un groupe terroriste, de divisionnisme, de propagation des rumeurs visant à soulever la population contre le pouvoir, de création d’une armée rebelle, de vouloir renverser le pouvoir par la force.
Mais derrière ce maquillage judiciaire, se cachent en réalité des motifs politiques de la dictature du FPR comme nous allons le démontrer.
This Monday, June 20, 2011, begins at the High Court in Kigali, the trial against Ms. Victoire Ingabire Umuhoza, the Chairperson of FDU-Inkingi, an opposition party that the Rwandan authorities still refuse to register. Officially, she is accused of: genocide ideology, collaboration with a terrorist group, divisionism, spreading rumors aimed at inciting the population to rise against the regime, and creating a rebel army aimed at overthrowing the government by force.
Mme Victoire Ingabire Umuhoza avait été présentée devant la même Cour, lundi 16 mai 2011, contre l’avis de ses avocats qui avaient demandé un délai de 3 mois pour être en possession de la traduction de plus de 2400 pages du dossier, afin de l’étudier avec leur cliente qu’ils n’ont jamais pu rencontrer sans la présence des éléments des services de renseignement rwandais. Elle avait été présentée à la cour avec quatre co-accusés: Tharcisse Nditurende, Jean Marie Vianney Karuta, Noël Habiyaremye et Vital Uwumuremyi. Ils étaient escortés par une multitude d’agents pénitenciers, de policiers et d’agents des services de renseignement (CID: Département des Investigations Criminelles). Cette équipe était dirigée par le chef de la police dans le district de Nyarugenge, M. Mutezintare, accompagné par le directeur de la prison centrale de Kigali, dite de « 1930 ».
a. Motifs politiques :
Depuis l’installation du pouvoir dirigé par le FPR-Inkontanyi, ses responsables ont instauré une tradition d’organiser des procès judiciaires dans le but d’écarter des opposants réels ou supposés. Dès l’entrée en fonction, le régime de Paul Kagame a jeté en prison des centaines des milliers de personnes accusées à tort ou à raison de participation au génocide. Si parmi ces prisonniers il y avait des personnes qui auraient pu participer au génocide, petit à petit, des personnes furent faussement accusées de ce crime dans le but de les exproprier de leurs biens ou pour les mettre hors jeu politiquement. C’est aussi ce que dit en substance le dernier communiqué de l’organisation Amnesty International[1].
Toutes les personnes qui ont, à un moment ou un autre, essayé de contredire les tenants du pouvoir, ont été poursuivies soit pour génocide, soit pour idéologie du génocide et ce, même après plusieurs années de bons et loyaux services envers ce régime. Les exemples ne manquent pas : l’ex-premier ministre Pierre Célestin Rwigema, l’ex-président du parlement Alfred Mukezamfura ou encore l’ancien sénateur Safari Stanley furent poursuivis et condamnés pour génocide, alors qu’ils avaient occupé ces hautes fonctions pendant plusieurs années. Tous ceux qui ont voulu se montrer critiques ou qui ont voulu quitter le FPR officiellement pour créer un parti d’opposition tels que l’ancien Président Pasteur Bizimungu, l’ancien ministre Charles Ntakirutinka, l’ex-candidat à l’élection présidentielle de 2003, le docteur Théoneste Niyitegeka, ont été poursuivis pour des crimes fabriqués de toutes pièces. La réalité est pourtant tout autre : les motifs politiques sont les principales raisons de ces procès.
Lorsque Mme Victoire Ingabire arrive au Rwanda le 16 janvier 2010, le régime est décontenancé devant la détermination de cette dame qui ne mâche pas les mots pour dénoncer le musèlement de la presse, les injustices sociales, des procès inéquitables et un deuil discriminatoire. Défier le général Paul Kagame et aspirer à être son challenger aux élections présidentielles, ne pouvait qu’attirer les foudres contre la Présidente des FDU-Inkingi. Le régime du FPR n’a pas lésiné de moyens pour trainer Mme Ingabire dans la boue tout en se cachant derrière les motifs judiciaires.
i. Persécution de Mme Victoire Ingabire Umuhoza dès son arrivée au Rwanda
Lorsque les FDU-Inkingi annoncèrent leur intention d’aller s’implanter au Rwanda en vue de participer aux élections présidentielles d’août 2010, les actes d’intimidation et autres menaces commencèrent pour dissuader les FDU-Inkingi de rentrer au Rwanda. Les premières tentatives furent évidemment le refus d’octroi des passeports aux candidats potentiels au retour au Rwanda en vue d’y implanter le parti. Ce refus n’entama en rien la détermination des FDU-Inkingi à rentrer au Rwanda pour y exercer les droits politiques reconnus par la Constitution en vigueur au Rwanda. Le gouvernement rwandais recourut alors aux médias qu’il contrôle pour diaboliser Mme Victoire Ingabire Umuhoza et au lobbying pour l’accuser d’avoir osé participer, avec des représentants des FDLR, à une réunion sur la réconciliation des Rwandais. Comble de l’ironie, le FPR avait été aussi convié et était représenté à cette réunion organisée à Barcelone par une ONG espagnole. Pourtant, tout le monde reconnaît que les FDLR font parti de l’équation à résoudre pour garantir une paix durable à la région des Grands Lacs en général et au Rwanda en particulier.
Les appels au lynchage de la Présidente des FDU-Inkingi furent lancés par les plus hautes autorités de l’Etat. L’unique quotidien rwandais, le pro-gouvernemental The New Times (TNT), se consacra à une série d’éditoriaux et d’articles, qui chaque jour, déformèrent, transformèrent les discours de Mme Ingabire, la dénigrèrent, la traitèrent de tous les noms d’oiseaux, l’accusèrent de défendre la thèse du double génocide, de propager l’idéologie génocidaire, de prêcher le divisionnisme, de porter atteinte à l’unité nationale, de collaborer avec les FDLR, etc. Les autres médias de l’Etat ou qui sont proches du pouvoir emboîtèrent le pas à TNT et relayèrent les appels au lynchage à son encontre. Son seul crime : avoir osé évoquer les poursuites contre les personnes responsables des massacres, crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis contre les Hutus à l’instar des responsables du génocide contre les Tutsis. Elle est « coupable » d’avoir appelé à lutter contre l’impunité en pointant du doigt des crimes commis par l’armée du FPR. Or ces crimes ont été confirmés par ailleurs par le rapport de l’ONU « Mapping exercice » publié le 1 octobre 2010.
Le 3 février 2010, elle sera agressée dans l’enceinte du bureau administratif du Secteur Kinyinya. Comme cela ne suffisait pas pour décourager la présidente des FDU-Inkingi, la police prit le relais et commença à la convoquer quasi-quotidiennement pour des interrogatoires qui dureront des fois jusqu’à 10 heures par jour. L’épreuve d’usure psychologique entre alors en marche. Lorsqu’elle voulut prendre l’avion pour aller rendre visite à sa famille, la police l’en empêcha alors qu’aucun ordre de quitter le territoire ne lui avait été intimé précédemment. Le 22 avril 2010, elle est placée en résidence surveillée. En réalité, les torts majeurs reprochés à Madame Victoire Ingabire Umuhoza et son parti sont ceux d’avoir osé créer un parti d’opposition et d’avoir demandé que les personnalités politiques et militaires au sein du régime coupables présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité soient déférés devant la justice.
ii. Persécution des autres membres des FDU-Inkingi
En même temps que la campagne de diabolisation et d’agression contre Mme Ingabire s’intensifiait, les autres membres du parti qui ont osé s’affirmer comme tels ou soupçonnés de l’être, furent à leur tour persécutés, renvoyés de leur travail, battus et certains furent emprisonnés ou portés disparus. Alors qu’ils se préparaient à participer à une manifestation organisée par l’opposition[2] en date du 24 juin 2010, des centaines de membres des FDU- Inkingi ont été interpellés et battus par des policiers à Gishushu (Remera) ainsi que devant le ministère de la Justice à Kimihurura. Ils se rendaient à une manifestation pacifique devant le ministère pour demander au gouvernement de lever : le refus d’enregistrement des FDU-Inkingi ; les mesures restrictives et les fausses accusations contre leur présidente Mme Victoire Ingabire Umuhoza placé en résidence surveillée depuis le 22 avril 2010 et privée de ses droits publics élémentaires.
Deux membres du comité exécutif provisoire des FDU-Inkingi, M. SylvainSibomana, Secrétaire général, et Mme Alice Muhirwa, furent arrêtés et torturés par les éléments de la police nationale. Mme Alice Muhirwa sera hospitalisée plusieurs jours suite à ces maltraitances. D’autres responsables des FDU-Inkingi notamment ceux de la Ville de Kigali furent également battus, arrêtés et mis en cachot avec des membres du PS-Imberakuri dont leur président Me Bernard Ntaganda. Derrière les accusations criminelles portées à l’encontre de tous ces membres, se cachent des motifs politiques : aucun citoyen n’a le droit de manifester pacifiquement contre le régime et les lois liberticides taillées sur mesure afin de se maintenir indéfiniment au pouvoir.
iii. Refus d’enregistrement du parti FDU-Inkingi
Les FDU-Inkingi sont un parti d’opposition fondé en exil et qui a pris la décision de rentrer au Rwanda, y exercer ses droits politiques reconnus par la Constitution rwandaise et ce d’autant plus que les autorités rwandaises n’arrêtent pas de crier au monde entier que les portes sont ouvertes pour tous les réfugiés qui souhaitent rentrer dans leur pays. Lorsqu’elle arrive au Rwanda, Mme Ingabire entame directement les démarches administratives en vue de faire enregistrer les FDU-Inkingi, qui entre-temps avaient pu recruter les membres à l’intérieur du pays. Comme le prévoit la loi rwandaise sur les partis politiques[3], pour être agréé, chaque formation politique doit tenir une Assemblée Constituante, réunissant les représentants du parti de chaque district, selon une répartition imposée par cette loi.
Les FDU-Inkingi ont demandé à plusieurs reprises l’autorisation de tenir la Constituante, mais chaque fois cela leur fut refusé. Dans un premier temps, les autorités locales prétendirent qu’il fallait d’abord la permission de la police, ce que cette dernière rejeta, avant de se rabattre comme toujours sur des crimes supposés de Mme Ingabire, alors même que lors des premières demandes, elle ne faisait jusqu’alors l’objet d’aucune inculpation. Lorsque l’autorisation fut demandée par le premier vice-président du Comité Exécutif Provisoire, ce fut la même rengaine, alors que lui non plus, ne faisait l’objet d’aucune poursuite. L’évidence finit par s’imposer, le régime en place ne voulait d’aucune manière la reconnaissance d’un véritable parti d’opposition, mais pour tromper l’opinion, ce fut toujours les motifs criminels supposés de la présidente de Mme Ingabire qui furent mis en exergue.
b. Transformations des motifs politiques en raisons criminelles
Ce que tout le monde redoutait depuis un certain temps, notamment depuis l’entrée en scène du Président Kagame, arriva. Répondant à une énième convocation de la police anti-criminelle (CID), Mme Ingabire fût arrêtée le 21 avril 2010 vers 9 h GMT. Stupeur et consternation s’installèrent parmi ceux qui luttent pour la démocratie et qui rêvaient d’une amorce d’un changement démocratique et pacifique. Le même jour, elle fut présentée au parquet pour lui signifier qu’elle était inculpée pour idéologie du génocide, divisionnisme et collaboration avec un mouvement terroriste, les FDLR. Sa maison fut fouillée de fond en comble, ses ordinateurs, téléphones portables, flashs disc, SIM cards, CD’s, documents divers furent emportés par la police et elle fut emmenée au cachot où elle passa la nuit. Par ces documents la police a pu se procurer tout le fonctionnement des FDU-Inkingi, les noms de leurs membres qu’elle a commencé à intimider et à harceler. Le 22 avril 2010, Mme Ingabire sera mise en liberté sous contrôle judiciaire.
Les harcèlements vont cependant continuer jusqu’à sa seconde arrestation le 14 octobre 2010 après une semaine de siège. Elle fut d’abord détenue à la station de police de Kicukiro avant d’être transférée à la prison centrale de Kigali, appelée « 1930 », où elle est détenue jusqu’aujourd’hui.
c. Les chefs d’accusation :
i. L’idéologie du génocide :
« Moi et ma formation politique FDU-Inkingi, fondée en 2006, reconnaissons qu’en 1994 il y a eu au Rwanda un génocide contre les Tutsi. Nous reconnaissons aussi qu’avant 1994, en 1994 et après 1994, il y a eu au Rwanda des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ayant visé les autres composantes de la population rwandaise. Ce sont des faits concrets auxquels nous avons assisté et qui ont été reconnus par l’Organisation des Nations Unies dans sa Résolution 955 du 08 novembre 1994. Nous affirmons aussi sans ambages que toute personne ayant une responsabilité dans ces crimes, qu’elle ait fait partie de l’ancien régime ou qu’elle fasse partie du régime actuel, doive répondre de ses actes devant la justice. Tous ces deux crimes sont graves et sont imprescriptibles mais nous n’avons jamais cherché à les comparer ni à exonérer les responsabilités des uns par les responsabilités des autres. Nous reconnaissons aussi que le crime de génocide est le degré le plus haut de l’inhumanité. Nous militons pour que la souffrance de tous les rescapés soit suffisamment reconnue et qu’une indemnisation spéciale leur soit accordée », Mme Victoire Ingabire Umuhoza, Communiqué des FDU-Inkingi du 03 mai 2010.
Cette déclaration est on ne peut plus claire et reprend ce que les FDU-Inkingi et sa présidente ont toujours dit publiquement. Il n’y a aucun doute sur la reconnaissance du génocide par les FDU-Inkingi et par sa présidente. Elle est donc victime de la délation mensongère du FPR qui veut liquider tout leader d’opinion en se servant de la loi n°18/2008 du 23/07/2008 sur l’idéologie génocidaire. Cette loi a été conçue d’une façon voulue vague et ambigüe comme outil de chantage, pour la faire peser comme l’épée de Damoclès, sur toute personne qui ne partage pas la pensée unique du FPR ou qui se hasarde à affirmer que le FPR a commis des crimes contre l’humanité, voire même des actes qui pourraient être qualifiés de génocide contre les hutus (Procès Peter Erlinder, V. Ingabire Umuhoza, Deo Mushayidi, Paul Rusesabagina, Ntaganda Bernard, etc. ).
Toute différence de point de vue sur les faits avérés de notre histoire récente, toute évocation des crimes et des victimes du FPR pendant le conflit de 1990 à 1994 et après, peut être assimilé à l’idéologie du génocide. Le ministre rwandais de la justice Tharcisse Kagarurama avait lui-même reconnu que cette loi posait problème, cela après que les organisations de défense des droits de l’homme telle que l’organisation Amnesty International avaient émis des réserves fortes dans ce sens, mais depuis lors rien n’a changé[4].
ii. Divisionnisme :
Les FDU-Inkingi sont une formation d’opposition. Cela n’est nullement un mystère que sur le plan de la gouvernance du pays et de la cohésion nationale les FDU-Inkingi sont en opposition totale avec le régime. Notre formation ne peut pas accepter de se ranger derrière le parti qui dirige actuellement le pays sous prétexte que ne pas avoir la même vision que le FPR est volontairement assimilé à du divisionnisme. La Constitution de notre pays, que le régime du FPR a mise en place lui-même, reconnaît le multipartisme, les citoyens ont en principe le droit d’avoir des projets politiques concurrents de ceux du parti au pouvoir. Dire au monde entier que les Rwandais sont sous le joug de la peur et d’un totalitarisme politique d’un autre âge, dénoncer une justice qui est sous la coupole de l’exécutif et des tribunaux populaires “gacaca“ qui ne permettent pas l’assistance par un conseil, dénoncer la famine criante dans les campagnes rwandaises et les bidonvilles, regretter que les soins de santé de base fassent défaut malgré l’affiliation obligatoire à une mutuelle de santé, et que l’accès aux écoles secondaires et supérieures soit soumis à des critères discriminatoires, condamner les violations graves du droit humanitaire et le pillage massif des ressources naturelles du Congo et demander que les auteurs de tels crimes soient poursuivis; c‘est cela que le régime appelle le divisionnisme et qui est reproché à la présidente des FDU-Inkingi.
iii. Collaboration avec un groupe terroriste :
La décision de rentrer pacifiquement faire la politique au Rwanda et contre un régime que nous savions dictatorial et irrespectueux des droits fondamentaux des citoyens n’a pas été simple et n’a pas été prise à la légère. Tous les scenarii pour résoudre les problèmes politiques du Rwanda ont été examinés avec leurs conséquences, et bien que nous trouvions la voie pacifique semée de beaucoup d’embûches, elle nous est parue la meilleure solution à long terme, car elle est la seule capable de garantir une alternance sans nouvelle effusion de sang et en préservant le tissu social rwandais.
En tant que politique, Mme Ingabire a effectivement rencontré un délégué des FDLR, à Barcelone en Espagne ; la rencontre était facilitée par des Organisations Non-Gouvernementales de ce pays. Beaucoup de participants ont pris part à cette rencontre, parmi lesquels une délégation venue du Rwanda dont un parmi eux s’est déclaré ouvertement d’appartenance FPR[5]. Les FDLR sont des Rwandais comme les autres, elles ont besoin d’être rassurées pour regagner le bercail sans avoir peur d’être accusées arbitrairement, et il n’y a rien d’anormal à ce qu’ils participent à une réunion ayant pour objet la réconciliation.
Les FDU-Inkingi sont en désaccord total avec la politique du gouvernement de « débauchage » de quelques dirigeants des FDLR, tout en privilégiant l’usage de la force contre tous les autres, comme si le gouvernement n’avait aucun intérêt à ce que le problème des FDLR soit résolu une fois pour toutes. Nous savons par expérience, que jamais le seul usage de la force n’a contribué à résoudre les problèmes ayant des origines politiques. C’est cette position politique qui vaut à la présidente des FDU-Inkingi d’être accusée de collaboration avec un mouvement « terroriste ».
iv. Propagation des rumeurs visant à soulever la population contre le pouvoir :
Les FDU-Inkingi sont une formation qui s’intéresse d’abord à la population. Lorsqu’ elles montrent tous les problèmes auxquels la population est confrontée, ce n’est pas elles qui doivent être accusées de soulever la population contre le pouvoir. C’est au contraire ce même pouvoir qui est à l’origine du mécontentement de la population, qui doit être dénoncé, à cause de sa politique qui privilégie les intérêts d’un groupe d’individus au détriment du reste de la population, exerce une justice politique qui fait la chasse aux sorcières, développe la délation pour semer la haine et les rancœurs entre les citoyens pour continuer à régner sur les divisions, ravage les cultures des agriculteurs pour les affamer et les maintenir dans la dépendance. Ce n’est donc pas un crime pour une formation d’opposition de pointer du doigt les problèmes majeurs auxquels la population fait face et auxquels le parti veut proposer des solutions alternatives.
v. Création d’une armée rebelle pour renverser le pouvoir par la force :
Connaissant les antécédents qu’il a créés lui-même, contrairement à l’assertion prétendant qu’il se soucie de l’intérêt de la sécurité du peuple rwandais, le FPR cherche à protéger à tout prix son système, et crie au loup chaque fois qu’un opposant ose se déclarer ouvertement contre son totalitarisme. En effet, ce régime, parce qu’il ne croit pas du tout en l’alternance politique par des voies pacifiques et démocratiques, a peur qu’une autre organisation ne cherche à rééditer ses exploits de conquête du pouvoir par les armes. Le Général Paul Kagame, à cause de sa gouvernance dictatoriale et des graves crimes contre l’humanité qu’il est soupçonné d’avoir personnellement ou par délégation commis, sait pertinemment qu’il ne peut pas gagner des élections libres et transparentes.
Les accusations selon lesquelles la présidente des FDU-Inkingi serait impliquée dans des actions militaires et dans la formation de groupes terroristes sont mensongères et des pures affabulations. Le procureur de la République appuie toute son accusation sur les déclarations d’un autre accusé devenu témoin clé, un certain Vital Uwumuremyi, qui affirme qu’il aurait proposé à madame Victoire Ingabire la création d’un mouvement rebelle CDF, et qu’elle aurait accepté le plan, et payé quelques milliers de dollars pour une étude de faisabilité. Personne dans la région n’est au courant de ce mouvement. Le même témoin clé a fourni une liste de complices, eux aussi ex-membres des FDLR, qui par hasard étaient déjà en prison avant le retour de l’accusée principale au Rwanda.
Autour des déclarations de ces accusés-témoins, le ministère public a construit une double accusation de création d’une rébellion, d’actes terroristes pour tenter de renverser le régime par la force. Heureusement que le ridicule ne tue pas ! Le parquet rwandais a même prétendu que le puits perdu de sa maison de location destiné à collecter des eaux de pluies serait une tranchée militaire. Aussi, ces délations soutenues par des prisonniers qui se rachètent ou sont payés aux gros sous par les services secrets, sont-elles dénuées de tout fondement et sont devenues monnaies courantes pour neutraliser ou emprisonner tous les opposants au régime du Général Kagame[6]. C’est ainsi que Déo Mushayidi, Bernard Ntaganda, Paul Rusesabagina, et caetera font tous l’objet du même chef d’accusation que Mme Victoire Ingabire Umuhoza.
vi. Complicité dans les actes visant à renverser le pouvoir par la force :
Toute formation d’opposition s’inscrit dans la ligne de remplacement du pouvoir auquel il est opposé. En choisissant de rentrer au Rwanda pour y faire la politique, les FDU-Inkingi ont annoncé clairement leur intention de remplacer le pouvoir du FPR par un pouvoir issu des urnes, c’est-à-dire issu du choix du peuple. Pour des raisons que nous avons expliquées, les FDU-Inkingi ont cependant exclu l’usage de la force et ont choisi la voie pacifique, la seule nous semble être la meilleure solution à long terme. Les FDU-Inkingi n’ont donc rien avoir avec ceux qui prépareraient le renversement du pouvoir par la force. C’est de nouveau un crime fabriqué de toutes pièces pour empêcher les FDU-Inkingi d’être en compétition pour le pouvoir.
d. Ingérences de l’exécutif et des autorités politiques dans le dossier judiciaire
Dans un Etat de droit digne de ce nom, le système exécutif est garant du respect de la Constitution. La Constitution rwandaise reconnaît l’indépendance du système judiciaire et l’égalité de tous les citoyens devant la loi. La présomption d’innocence est par ailleurs reconnue par la loi aussi longtemps qu’il n’y a pas eu de condamnation par un tribunal compétent.
Même si l’indépendance de la justice rwandaise est sujette à caution, les plus hautes autorités rwandaises, à commencer par la première d’entre-elles, le Président de la République, le Général Paul Kagame, n’ont pas attendu que la justice se prononce dans le dossier de Mme Ingabire pour l’accuser sans nuance aucune des crimes inventés de toutes pièces.
Le ballet des attaques fut initié dès le lendemain de son arrivée au Rwanda par le ministre de la sécurité intérieure et président du Parti Démocratique Idéal, un parti-satellite du FPR, Sheikh Mussa Fazil Harerimana. Dans son interview dans le quotidien indépendant pro-gouvernemental, The New Times[7], le ministre Harerimana charge Mme Ingabire et l’accusa de révisionniste et de négationniste et la menaça de poursuites pour la simple raison qu’elle avait osé dire que les victimes hutues du conflit rwandais devaient elles aussi à l’instar des victimes du génocide des Tutsis, être honorées dignement. Voilà la dialectique du FPR , évoquer les victimes hutues est assimilée à nier le génocide des Tutsis!
Dans le même ordre d’idées, le Secrétaire Exécutif de la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG), Jean de Dieu Mucyo s’en est pris violemment à Mme Ingabire qu’il accusa de divisionniste et en appela aux autorités pour trouver une suite appropriée. Le même discours fut poursuivi ensuite les partis satellites du FPR. M. Jean Damascène Ntawukuriryayo, président du Parti Social Démocratique (PSD) et porte-parole du Sénat d’alors, qui insinua que Mme Ingabire semait le doute sur l’existence du génocide commis contre les Tutsis., Ensuite M. Protais Mitali, président du Parti Libéral, qui accusa Mme Ingabire de jouer la carte ethnique[8].
A tout seigneur tout honneur, la palme d’or revient enfin au Président Paul Kagame lui-même. Dans un discours très remonté prononcé le 07 avril 2010, à l’occasion de la commémoration du génocide, le président Paul Kagame traita publiquement Mme Victoire Ingabire Umuhoza de « hooligan que les Occidentaux veulent placer à la tête du pays »[9].
Dans plusieurs sorties publiques, le président de la République se prit à elle, allant jusqu’à déclarer que Mme Ingabire allait se heurter à un « mur de lois » qui l’empêchera de se présenter à l’élection présidentielle. Il n’hésita pas à déclarer que « nous nous sommes battus et ce que nous [le FPR, ndlr] avons obtenu par les armes, ils ne nous le prendront pas par les urnes ». Dans un autre discours, il déclara que l’espace politique au Rwanda était pleine. Dès lors que le Président de la République parle en ces termes, on comprend aisément le lien entre la politique et la justice ainsi que la marge de manœuvre qui reste à cette dernière, qui désormais peut se mettre au travail pour exécuter les ordres venus de la présidence de la République.
e. Conclusion
Comme nous venons de le montrer tout au long de ce document, le procès intenté à Mme Victoire Ingabire Umuhoza est un procès politique destiné à écarter un concurrent politique dans le but de pérenniser la dictature du parti-Etat, le FPR. Dès que les FDU-Inkingi ont annoncé leur intention de rentrer faire la politique au Rwanda, les attaques de toutes sortes ont commencé et aucune initiative n’a été laissée de côté pour dissuader les FDU-Inkingi de rentrer au Rwanda. Du refus des passeports aux membres du parti qui souhaitaient rentrer au Rwanda avec la présidente pour implanter le parti, aux accusations sans fondement de collaboration avec les rebelles des FDLR opérant à l’Est de la République Démocratique du Congo, rien n’a été laissé au hasard. Voyant la détermination toujours intacte de la Présidente des FDU-Inkingi, les stratèges du régime ont opté pour la transformation sournoise des motifs politiques en raisons criminelles pour barrer la route aux FDU-Inkingi et à Mme Ingabire, leur présidente. La transformation de son discours au mémorial de Gisozi, la campagne médiatique haineuse menée par une presse du régime partisane, l’ingérence des autorités dans le dossier judiciaire, les attaques physiques dirigées contre Mme Ingabire dans les locaux administratifs du secteur Kinyinya, alors qu’elle y avait été invitée par les autorités pour des démarches administratives, le changement permanent des charges portées contre elles, la fabrication des témoins et des preuves par le procureur et les services secrets, le refus de laisser Mme Ingabire s’entretenir avec ses avocats en toute liberté, etc. sont autant d’éléments qui nous permettent de conclure que ce procès est politique et que sa solution ne peut être que politique.
Comme l’a dit le professeur Filip Reyntjens (chronique politique du Rwanda 2009-2010, Anvers, mai 2010), Mme Ingabire est en fin de compte victime d’avoir publiquement mis en cause les fondements même du pouvoir en s’attaquant à trois monopoles du FPR: a) le statut du FPR comme “autorité morale”, b) le statut des Tutsis comme “seuls victimes” du génocide rwandais, c) le statut des Hutus comme “criminels”. Ces trois piliers constituent en fait la base de la légitimité interne et internationale du FPR. Son régime a donc vu l’émergence d’une réelle opposition à l’intérieur du pays, qui revendique l’ouverture de l’espace politique, comme une menace d’une situation que le FPR considérait comme acquise, à savoir : le contrôle total de la politique et de la société rwandaise.
Mais alors, un pouvoir qui s’est imposée par la force et par conséquent illégitime, peut-il rendre justice ? Un pouvoir totalitaire usé, présumé criminel, népotiste, clientéliste, incapable de résoudre l’épineux problème de la réconciliation nationale et la plupart des problèmes auxquels sont confrontés nos concitoyens, ne mérite-t-il pas plutôt d’être remplacé par un pouvoir choisi par le peuple ? Nous tenterons prochainement d’apporter une esquisse de réponse à toutes ces interrogations
Fait à Paris, le 19 juin 2011
Pour le Comité de coordination des FDU-Inkingi
Dr Emmanuel Mwiseneza (sé)
Délégué à l’Information et à la Communication
[1] Amnesty International on Saturday called on Rwanda to stop using a law aimed preventing “genocide ideology” to stifle dissent and charge critics and journalists, in http://news.yahoo.com/s/afp/20110618/wl_africa_afp/rwandapoliticsrightsmedia_20110618152919
[2] Cette manifestation dont l’autorisation avait été demandée par le Parti PS-Imberakuri fondé par Me Bernard Ntaganda, aujourd’hui lui-même en prison, fut réprimée sauvagement par la police avant même qu’elle n’ait lieu.
[3] Loi organique n° 19/2007 du 04/05/2007, complétant la loi organique n° 16/2003 du 27/06/2003 : même si cette loi est conçue sur mesure pour dissuader les autres partis politiques de voir le jour, les FDU-Inkingi avaient décidé de la respecter et avaient réussi à remplir les conditions draconiennes imposée par cette loi.
[4] « Réagissant à ce texte, le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama a estimé que ces lois ont été votées dans l’intérêt du Rwanda pour éviter la réédition du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. “Comme d’autres pays à travers le monde, le Rwanda a des lois sur l’idéologie du génocide pour que nous ne retournions jamais à la haine et au divisionnisme du passé”, a expliqué M. Karugarama, dans un communiqué officiel dénonçant un rapport “inexact et partisan”. “Toutefois, dans le processus de reconstruction de notre pays et de développement de notre système de justice, nous sommes en train d’amender tous nos textes de loi”, a-t-il expliqué. “Ainsi, les lois sur l’idéologie du génocide et le divisionnisme sont actuellement en cours de révision et nous les amenderons dans l’intérêt du Rwanda”, a ajouté ce responsable, sans préciser la nature de cette révision. », (http://www.challenges.fr/actualites/medias/20110603.AFP3584/rwanda_amnesty_demande_la_revision_des_lois_sur_lideolo.html)
[5] http://www.veritasrwandaforum.org/dialeg/COMMUNIQUE_FINAL_DIALOGUE_INTRA.pdf
[6] http://www.hrw.org/en/news/2010/06/26/rwanda-stop-attacks-journalists-opponents
[7] The New Times, Monday 18th January 2010
[8] Idem
[9] http://www.rnanews.com/index.php?option=com_content&view=article&id=3115:qforeigners-imposing-hooligans-like-ingabire-on-rwandaq&catid=17:politics&Itemid=36However, behind that judicial makeup, there are in reality hidden political agendas for the RPF dictatorship as we shall demonstrate it below.
Ms. Victoire Ingabire Umuhoza was presented before the same court, on Monday, May 16, 2011, against the advice of her lawyers who had requested a period of three months so that they can be in possession of the translation in English of more than 2,400 pages of the court file; examine the file with their client which they have never met privately without the presence of elements from the intelligence services in Rwanda. She was presented to the court with four co-defendants: Tharcisse Nditurende, Jean Marie Vianney Karuta, Noel Habiyaremye and Vital Uwumuremyi. They were escorted by several prison agents, police officers and intelligence agents (CID: Criminal Investigation Department). The team was led by the chief of police in the district of Nyarugenge, M. Mutezintare, accompanied by the director of the Kigali maximum security prison, also known as “1930.”
a. Political reasons
Since the installation of the regime led by the RPF-Inkotanyi, its leaders have established a culture of holding judicial proceedings in order to silence real or supposed opponents. Upon taking office, the regime of Paul Kagame has imprisoned hundreds of thousands of people wrongly or rightly accused of participation in the genocide. If among these prisoners there were people who could have participated in genocide, little by little, people were falsely accused of this crime in order to expropriate them or to silence them politically. This is also what essentially says the latest press release from Amnesty International (1).
All individuals who, at one time or another, tried to contradict those in power, were prosecuted either for genocide or for genocide ideology, even after many years of loyal service to the regime. There is no shortage of examples: former Prime Minister Pierre Celestin Rwigema, former Parliament Speaker Alfred Mukezamfura and former Senator Stanley Safari were prosecuted and convicted for genocide, even though they had occupied these high offices for several years. All those who tried to be critical or wanted to leave the RPF to create their own opposition party such as former President Pasteur Bizimungu, former minister Charles Ntakirutinka, former candidate for the presidential elections in 2003, Dr. Theoneste Niyitegeka, were prosecuted for fabricated crimes. Yet the reality is quite different: the political motives are the main reasons for the trial.
When Ms. Ingabire arrived in Rwanda on January 16, 2010, the regime was taken aback by the determination of this lady who does not mince words in denouncing the muzzling of the press, social injustice, unfair trials and discriminatory bereavement. To defy General Paul Kagame and aspire to be his challenger in presidential elections could only attract the wrath against the Chairperson of FDU-Inkingi. The RPF regime spared no means to drag Ms. Ingabire in the mud while hiding itself behind the judicial reasons.
i. Persecution of Ms. Victoire Ingabire Umuhoza upon her arrival in Rwanda
When FDU-Inkingi announced its intention to go to implement itself in Rwanda in order to participate in the presidential elections of August 2010, acts of intimidation and other threats began right away. They were aimed at deterring FDU-Inkingi from returning to Rwanda. The first attempts were of course the refusal to grant passports to potential returnees in Rwanda in order to help implementing the party. This refusal did not alter the determination of FDU-Inkingi to return to Rwanda to exercise the political rights recognized by the current Constitution in Rwanda. The Rwandan government then appealed to the media under its control to demonize Ms. Victoire Ingabire Umuhoza and to lobbying groups to accuse her of daring to participate, with representatives from the FDLR, in a meeting on the reconciliation of Rwandans. Ironically, the RPF had also been invited and was represented at that meeting which was organized by a Spanish NGO in Barcelona, Spain. Yet everyone agrees that the FDLR are part of the equation to be solved to ensure lasting peace in the Great Lakes region in general and in Rwanda in particular.
Calls for lynching the Chairperson of FDU-Inkingi were launched by the highest state authorities. The only daily newspaper in Rwanda and government mouthpiece, The New Times (TNT), devoted itself to a series of editorials and articles, which every day, distorted, and transformed Ms. Ingabire’s speeches, denigrated her, called her all the names under the sun, accused her of defending the theory of double genocide, to spread the genocide ideology, to preach divisionism, to undermine national unity, to collaborate with the FDLR, etc.. Other state media or media that are close to the government followed the same path and took turns with TNT by relaying calls for lynching Ms. Ingabire. Her only crime: having dared to point the accusing finger to individuals that are responsible for massacres, war crimes and crimes against humanity committed against the Hutus as this has been done with regard to individuals that are responsible for the genocide against the Tutsis. She is “guilty” of having called for the fight against impunity, by bringing up the crimes committed by the RPF army. Even though, these crimes have also been confirmed by the UN report “Mapping Exercise” published on October 1, 2010.
On February 3, 2010, she was attacked by a mob inside the administrative office of the Kinyinya Sector. As if this was not enough to discourage the Chairperson of FDU-Inkingi, the police took over and began to summon her almost on a daily basis for interrogations that sometimes lasted for up to 10 hours a day. It was then the beginning of a psychological warfare. When she tried to take airplane to go to visit her family in the Netherlands, the police stopped her despite the fact that there was no order preventing her from leaving the territory. On April 22, 2010, she was placed under house arrest. In fact, the major wrong doings alleged against Ms. Victoire Ingabire Umuhoza and FDU-Inkingi, are those of having dared to create an opposition party and having requested that political and military figures within the current regime that are responsible for war crimes and crimes against humanity be brought to justice.
ii. Persecution of members of FDU-Inkingi
When the campaign of demonization and aggression against Ms. Ingabire intensified, other party members who dared to affirm themselves as such or who were suspected of being so, in turn, were persecuted, fired from their jobs, were beaten and some of them were imprisoned or went missing. As they were getting ready to participate in a peaceful demonstration organized by the opposition (2) on June 24, 2010, hundreds of members of FDU-Inkingi were arrested and beaten by the police at Gishushu (Remera) and outside the Ministry of Justice in Kimihurura. They were converging for a peaceful demonstration outside the Ministry to ask the government to lift: the refusal to register FDU-Inkingi; restrictive measures and false accusations against their Chairperson Ms. Victoire Ingabire Umuhoza who was placed under house arrest since April 22, 2010 and therefore was deprived of her basic civil rights.
Two members of the Interim Executive Committee of FDU-Inkingi, Mr. Sylvain Sibomana, Secretary General, and Ms. Alice Muhirwa, were arrested and tortured by elements from the national police. Ms. Alice Muhirwa was hospitalized for several days after such abuses. Other officials of FDU-Inkingi including those within the City of Kigali were also beaten, arrested and put in jail along with members of the PS-Imberakuri including their Chairperson Me Bernard Ntaganda. Behind the criminal charges against these members there are hidden political motives: no citizen has the right to demonstrate peacefully against the regime and draconian laws tailored in order to remain in power indefinitely.
iii. Refusal to register the party FDU-Inkingi
FDU-Inkingi is an opposition party founded in exile. It decided to return to Rwanda to exercise its political rights recognized by the Constitution of Rwanda mostly owing to the fact that the Rwandan authorities keep appearing to the world that the doors are open for all Rwandan refugees who wish to return to their country. When she arrived in Rwanda, Ms. Ingabire directly began the administrative process aimed at registering FDU-Inkingi, which meanwhile had managed to recruit members inside the country. As provided in the Rwandan law on political parties (3), to be approved, each political party must hold a constituent assembly that brings together representatives of the party in each district, according to a distribution imposed by that law.
FDU-Inkingi has repeatedly requested a permit to hold the constituent assembly, but each time the permit was refused. Initially, local authorities claimed that FDU-Inkingi must first have a permit from the police. Such a request was later rejected by the police before falling back as usual on the alleged crimes of Ms. Ingabire, even though during those first applications she was not the subject of any previous charge. When the permit to hold a constituent assembly was requested by the first Vice Chair of the Interim Executive Committee, it was the same old song while he too, was not the subject of any prosecution. The evidence finally came to light: the regime did not want in any way to recognize a real opposition party. However, to mislead the public opinion, the government was always put ting forward the alleged criminal motives leveled against the Chairperson Ms. Ingabire.
b. Political motives became criminal charges
What everyone feared for quite a while, particularly since the interference of President Kagame finally arrived. Responding to yet another meeting of the anti-criminal police (CID), Ms. Ingabire was arrested on April 21, 2010 at 9 am GMT. Shock and dismay settled among the people fighting for democracy and who dreamed for the beginning of a democratic and peaceful change in Rwanda. On the same day she was presented to the prosecutor to let her know that she was charged with genocide ideology, divisionism and collaboration with a terrorist group, the FDLR. Her house was searched from top to bottom; computers, mobile phones, flash drives, SIM cards, CD’s and various documents were taken away by the police and Ms. Ingabire was taken to jail where she spent that night. With these seized documents, the police were able to get some insights into the FDU-Inkingi operating system especially the names of its members that the police began to intimidate and harass. On April 22, 2010, Ms. Ingabire was released under judicial control. However, the harassment continued until her second arrest on October 14, 2010 after a week of siege. She was first held at the police station at Kicukiro before being transferred in Kigali maximum security prison, also known as “1930”, where she is held up to date.
c. The charges
i. The ideology of genocide
“I and my party, FDU-Inkingi, founded in 2006, recognize that in 1994 there was genocide in Rwanda against the Tutsis. We also recognize that prior to 1994, in 1994 and after 1994, there were in Rwanda, war crimes and crimes against humanity that targeted the other components of the Rwandan population. These are the facts that we have witnessed and have been recognized by the United Nations in Resolution 955 of November 8, 1994. We also state unequivocally that anyone with a responsibility for these crimes, whether he/she is part of the former regime or the current regime, must answer for his/her actions in court. All these crimes are serious and are inalienable but we never tried to compare them or to exempt the responsibilities of some culprits by the responsibilities of others. We also recognize that genocide is the highest degree of inhumanity. We advocate that the sufferings of all survivors be adequately recognized and that they all be given special compensations,” Ms. Victoire Ingabire Umuhoza, FDU-Inkingi, Press Release of 03 May 2010.
This statement could not be clearer; it resumes everything FDU-Inkingi and its Chairperson have been saying publicly. There is no doubt about the recognition of the genocide by FDU-Inkingi and its Chairperson. Ms. Ingabire is a victim of false denunciation of the RPF which would like to liquidate any opposition leader by using the law No. 18/2008 of 23/07/2008 on genocide ideology. This law was designed in a vague and ambiguous way intended as a tool for blackmail, to use as the sword of Damocles over anyone who disagrees with the sole thought of the RPF or anyone who ventures to assert that the RPF committed crimes against humanity and acts that could be classified as genocide against the Hutus (trial of Peter Erlinder, Victoire Ingabire Umuhoza, Deo Mushayidi, Paul Rusesabagina, Bernard Ntaganda, etc.).
Any difference of opinion on facts that were proven in our recent history, any mention of the crimes and victims of the RPF during the conflict from 1990 to 1994 and beyond can be equated with genocide ideology. The Rwandan Minister of Justice Tharcisse Kagarurama himself acknowledged that the law on genocide ideology was problematic following strong reservations in this regard expressed by human rights organizations such as Amnesty International had, but since then nothing has changed (4).
ii. Divisionism:
FDU-Inkingi is an opposition party. It is not a mystery in terms of the country’s governance and national cohesion for FDU-Inkingi to be in total opposition to the current regime. Our party cannot accept to stand behind the ruling party under the pretext that to not have the same vision as the RPF is deliberately equated to divisionism. The Constitution of our country, which the RPF regime set up itself, recognizes the multiparty system; the citizens have de facto the right to political projects competing with those of the ruling party.
To tell the world that the Rwandan people are under the yoke of fear and a political totalitarianism of another age; to denounce a justice that is under the dome of the executive and the traditional courts “Gacaca” which do not allow assistance by a defense counsel; to denounce the blatant hunger in rural Rwanda and slums; to regret that the basic health cares are lacking despite the compulsory affiliation to the so-called universal healthcare system (mutuelle de sante), and that the access to high schools and universities is subjected to discriminatory criteria; to condemn serious violations of humanitarian law and massive looting of the Congo’s natural resources and to request that the perpetrators of such crimes be prosecuted, that is what the current regime in Rwanda calls divisionism and this is what the Chairperson of FDU-Inkingi is being accused of.
iii. Collaboration with a terrorist group:
The decision to return peacefully to exercise our political activities in Rwanda against a regime that we knew was dictatorial and disrespectful of basic human rights of its citizens has not been easy and has not been taken lightly. All scenarios to solve the political problems of Rwanda were examined with their consequences. Although we found that the peaceful way was strewn with many pitfalls, it appeared to us to be the best solution in the long term because it is the only way capable of ensuring regime change without further bloodshed and preserving the social fabric of Rwanda.
As a matter of politics, Ms. Ingabire effectively met with a representative of the FDLR, in Barcelona, Spain; the meeting was facilitated by Non-Governmental Organizations in this country. Many participants took part in this meeting, including a delegation from Rwanda whose one member openly declared that belonged to the RPF (5). The FDLR are like any other Rwandans; they need to be reassured so that they can return home without fear of being charged arbitrarily; there is nothing wrong that they participate in a meeting aimed at reconciliation.
FDU-Inkingi is in total disagreement with the government policy of “poaching” some leaders of the FDLR while emphasizing the use of force against the others, as if the government has no interest that the FDLR problem be resolved once and for all. We know from experience that the sole use of force has never helped to solve problems of political origins. It is this political position that makes it possible that the Chairperson of FDU-Inkingi is accused of collaboration with a “terrorist” group.
iv. Spreading rumors aimed at inciting the population to rise against the government
FDU-Inkingi is a political party that is primarily concerned with the population. When we point out all the problems the population is facing, it should not be us who must be accused of stirring up the population against the government. Rather, it the regime that is the source of public discontent must be denounced because of its policies that favor special interests of a group of individuals at the expense of the rest of the population; the regime that has a political justice that favors the witch hunt; promotes informers in order to sow hatred and resentment among citizens so that it can continue to rule over divisions; destroys farmers’ crops so that they can go hungry and hence keep them in dependency. It is not a crime for an opposition party to point out the major problems facing the population and to which the party wishes to propose alternative solutions.
v. Creation of a rebel army aimed at overthrowing the government by force
Knowing the history the RPF created itself, contrary to the assertion claiming that it cares about the interests and safety of the Rwandan people, the RPF seeks to protect its system at any price, and it cries wolf each time an opponent dares to openly stand against its totalitarianism. Indeed, the RPF regime, because it does not believe at all in political change through peaceful and democratic ways, is afraid that another political organization may seek to repeat its feats of conquest of power by arms. General Paul Kagame, because of his dictatorial governance and serious crimes against humanity he is suspected of having personally committed, knows well that he cannot win free and fair elections.
The accusations that the Chairperson of FDU-Inkingi may be involved in military actions and creation of a terrorist group are false and pure fabrications. The nation’s prosecution founds his accusation on statements of another defendant now turned key witness, Vital Uwumuremyi, who said that he had proposed to Ms. Ingabire the creation of a rebel movement, CDF, and that she might have accepted the plan and paid several thousand of dollars for a feasibility study. No one in the region is aware of this movement. The same key witness has provided a list of accomplices, all of which former members of the FDLR, who by chance were already in prison before the return of the main defendent in Rwanda.
Around the statements of these defendent-turned-witnesses, the prosecution has built a double charge of creating a rebellion and complicity in acts of terrorism in an attempt to overthrow the regime by force. Fortunately, “ridiculousness does not kill”! The Rwandan prosecution even claimed that the cesspool of Ms. Ingabire rental home designed to collect rainwater would be a military bunker. Additionally, these accusations that are supported by prisoners who are bought and paid big bucks by secret services, are baseless and have become commonplace to neutralize or imprison all opponents of the regime of General Kagame (6). This is why Deo Mushayidi, Bernard Ntaganda, Paul Rusesabagina, etc. are all subjected to the same charges as Ms. Victoire Ingabire Umuhoza.
vi. Complicity in acts intended to overthrow the government by force
Any political party of the opposition is in line to replace the regime to which it is opposed. By choosing to return to Rwanda to exercise political activities, we announced our clear intention to replace the RPF regime by a regime issued from the polls. That means a regime issued from the people’s choice. For the reasons we have already explained, however, we excluded the use of force and have chosen the peaceful way, the only way that seems to be our best long term solution. Therefore, we have nothing to do with those who may be preparing the overthrow of the regime by force. It is once again a fabricated crime to prevent FDU-Inkingi from competing for power.
d. Interferences of the executive and political authorities in the court file
In a rule of law system worthy of its name, the executive branch guarantees the respect for the Constitution. The Rwandan Constitution recognizes the independence of the judiciary and the equality of all citizens before the law. The presumption of innocence is also recognized by the law as long as there has been no conviction by a competent court.
While the independence of the Rwandan justice system is questionable, the highest Rwandan authorities, starting with the most prominent among them, the President of the Republic, General Paul Kagame did not wait for the justice to decide on the case of Ms. Ingabire to openly accuse her of fabricated crimes.
The ballet of the attacks was initiated the day after her arrival in Rwanda by the Minister of Internal Security and Chairman of the Ideal Democratic Party (PDI), a satellite party of the RPF, Sheikh Mussa Fazil Harerimana. In his interview in the government supporting daily newspaper, The New Times (7), the Minister Harerimana accused Ms. Ingabire of revisionism and denial and threatened her of prosecution for the simple reason that she dared to say that the Hutu victims of the Rwandan conflict also deserve honor and dignity just as the Tutsi victims of the genocide. This is the dialectic of the RPF: to talk about Hutu victims equals denying the genocide of the Tutsis!
In the same vein, the Executive Secretary of the National Commission for the Fight against Genocide (CNLG), Jean de Dieu Mucyo violently lashed out at Ms. Ingabire by accusing her of divisionism and called upon the authorities to take appropriate actions. The same speech was then continued by RPF satellite parties. Jean Damascene Ntawukuriryayo, Chairman of the Social Democratic Party (PSD) and Spokesman for the Senate insinuated that Ms. Ingabire sowed doubt about the existence of the genocide committed against Tutsis. Next, Protais Mitali, Chairman of the Liberal Party (PL), accused Ms. Ingabire of playing the ethnic card (8).
As the saying goes, credit where credit is due: the Golden Palm went finally to President Paul Kagame himself. In a speech delivered on April 7, 2010, on the occasion of the commemoration of the genocide, President Paul Kagame publicly treated Ms. Victoire Ingabire Umuhoza of “hooligan that Westerners want to place at the head of the country.” (9)
In several public appearances, the President began to harass her and went on to declare that Ms. Ingabire would face a “wall of laws” that would prevent her from running for president. He did not hesitate to declare that “we [the RPF] fought and what we obtained by force, they won’t take it back from us through the ballot box.” In a separate speech, he declared that the political space in Rwanda was fully occupied. Once the President of the Republic speaks in these terms, one can easily understand the link between politics and justice and the flexibility that remains to the later, which can now begin working to implement the orders from the President of the Republic.
e. Conclusion
As we have just shown throughout this document, the trial against Ms. Ingabire Umuhoza is a political process designed to silence a political competitor in order to perpetuate the dictatorship of the party-state, the RPF. Once FDU-Inkingi announced its intention to return to exercise political activities in Rwanda, the attacks of all kinds began and no action has been left out to deter FDU-Inkingi from returning to Rwanda. From the refusal to deliver passports to members of the party who wanted to return to Rwanda with the Chairperson to implement the party, to unfounded accusations of collaboration with the FDLR rebels operating in eastern Democratic Republic of the Congo, nothing was left at random. Confronted with the intact determination of the Chairperson of FDU-Inkingi, policy makers opted for the devious transformation of political motives into criminal charges to bar the way to FDU-Inkingi and to Ms. Ingabire, the party Chaiperson. The distortion of her speech delivered at the Gisozi genocide memorial site, hate media campaign conducted by a partisan press of the regime, the interference of authorities in the court file, physical attacks directed against Ms. Ingabire with the administrative building of Kinyinya Sector despite the fact that she was invited by the authorities for administrative procedures, the never ending change of the charges leveled against her, the manipulation of witnesses and evidence by the prosecution and the secret services, the refusal to let Ms. Ingabire talk to her lawyers in privacy, etc. are all elements that allow us to conclude that Ms. Ingabire trial is political and that it only requires political solutions.
As Professor Filip Reyntjens once pointed it out (political column on Rwanda from 2009 to 2010, Antwerp, May 2010), Ms. Ingabire is ultimately the victim of having publicly challenged the very foundations of the regime by addressing three RPF monopoly: a) the status of the RPF as the “moral authority”, b) the status of the Tutsi as the “only victims” of the Rwandan genocide, c) the status of the Hutus as the “criminals.” These three pillars are in fact the basis of internal and international legitimacy of the RPF. Its regime has seen the emergence of a real opposition inside the country claiming the opening of political space as a threat to a situation that the RPF used to take for granted, namely: the total control of politics and the Rwandan society.
But then, a regime that was imposed by force and therefore illegitimate, can it render justice? An obsolete totalitarian regime, criminal, nepotist, clientelist, unable to solve the thorny issue of national reconciliation and most of the problems facing our citizens, doesn’t rather deserve to be replaced by a regime chosen by the people? Next time we will try to make a sketch of answers to all these questions.
Done in Paris on June 19, 2011
For the Coordination Committee
Dr. Emmanuel Mwiseneza (Se)
Delegate to information and communication
[1] Amnesty International on Saturday CALLED ON Rwanda to stop using a Law Aimed Preventing “genocide ideology” to stifle dissent and charge Critics and journalists, in http://news.yahoo.com/s/afp/20110618/wl_africa_afp/rwandapoliticsrightsmedia_20110618152919
[2] The event for which the authorization had been requested by the party PS-Imberakuri founded by Me Bernard Ntaganda, currently also in prison, was brutally repressed by the police before it happened.
[3] Organic Law No 19/2007 of 04/05/2007, complementing Organic Law n ° 16/2003 of 27/06/2003: even though this law is tailored to deter other political parties to be created, FDU-Inkingi had decided to respect it and had been able to meet the stringent conditions imposed by the law.
[4] “In response to this text, the Rwandan Minister of Justice Tharcisse Karugarama said that these laws were passed in the interests of Rwanda to avoid the repetition of genocide against Tutsi in 1994.
“Like other countries around the world, Rwanda has laws on genocide ideology so that we will never return to hatred and divisionism of the past,” said Mr. Karugarama in an official statement denouncing a report that is “inaccurate and partisan.” “However, in the process of rebuilding our country and development of our system of justice, we’re amending our legislation,” he said. “Thus, the laws on genocide ideology and divisionism are currently being revised and we will amendment them in the interests of Rwanda,” the official said, without specifying the nature of this review”.
(Http://www.challenges.fr/actualites/medias/20110603.AFP3584/rwanda_amnesty_demande_la_revision_des_lois_sur_lideolo.html)
[5] http://www.veritasrwandaforum.org/dialeg/COMMUNIQUE_FINAL_DIALOGUE_INTRA.pdf
[6]
http://www.hrw.org/en/news/2010/06/26/rwanda-stop-attacks-journalists-opponents
[7] The New Times, Monday 18th January 2010
[8] Ibid