Kigali, le 19/5/2013.
Ce matin, lors de la reprise du procès de madame Ingabire devant la cour suprême, les nombreux observateurs venus suivre le déroulement du procès ont été surpris d’entendre de la cour, que le témoin à décharge, pourtant protégé, avait disparu dans la nature. Interrogées sur cet incident, les deux parties ont souligné en audience qu’il serait préférable que ce témoin soit présent avant la poursuite des auditions. La cour a suspendu la séance pendant une heure. Au retour dans la salle d’audience, le président de la cour a informé la foule que le témoin était toujours introuvable, et que même le service chargé de la protection des témoins était sans nouvelles de ce témoin.
Pourtant, avant la suspension de la séance d’hier 16 mai 2013, le président de la cour avait ordonné au service chargé de sa protection, de faire tout pour assurer sa sécurité et de le maintenir isolé de tout contact extérieur.
Cette disparition rocambolesque a forcé la cour à annoncer l’ajournement du procès au 24 mai 2013. Avant de lever la séance, la cour a encore une fois demandé aux parties concernées, de faire tout pour retrouver ce témoin.
De son côté, l’accusée, madame Ingabire Umuhoza Victoire a pris la parole et demandé à la cour de suivre de près le sort de ce témoin, étant donné qu’il avait exprimé des craintes quant à sa sécurité, dans deux lettres transmises à la cour, dont la dernière date du 14 mai 2013. Elle demandé qu’avant de poursuivre les auditions de ce témoin, la cour examine d’abord la question de sa sécurité après qu’il aura terminé son témoignage.
Vers 13h00, nouveau coup de théâtre. Les parties ont été priées de revenir à la cour suprême à 14h00. Arrivées dans la salle d’audience, le juge les a informées que le témoin avait été retrouvé, mais est resté muet sur les circonstances de sa disparition. Il a néanmoins donné la parole au témoin qui s’est contenté de dire qu’il ne se sentait pas bien le matin.
Une réponse difficile à avaler quand on sait le sort qui avait été réservé à un autre témoin de la défense devant la Haute cour, monsieur Habimana Michel. Après avoir débuté son témoignage en démontrant la manipulation des témoins à charge, il avait reçu la visite surprise des services du procureur qui l’avaient malmené et menacé de façon brutale. Son témoignage avait finalement été écourté par la cour, sans aucune explication.
La disparition de ce témoin protégé, sans que le service chargé de sa protection ne soit en mesure d’expliquer quoi que ce soit, est révélatrice de l’état calamiteux du système judiciaire rwandais. Nous prions la cour à assumer pleinement ses responsabilités et refuser d’être instrumentalisée. C’est à ce seul titre que la population pourra encore lui faire confiance.
FDU –Inkingi
Boniface Twagirimana
Vice-President Intérimaire
18Mai