Rwanda : Menace de mort contre Madame Victoire Ingabire Umuhoza.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

Les Forces Démocratiques Unifiées (FDU-Inkingi), parti politique d’opposition au régime rwandais, notent avec inquiétude  les commentaires faits par le président de la République du  Rwanda, Paul Kagame à propos de Mme Victoire INGABIRE Umuhoza, présidente de DALFA-UMURINZI, principal parti d’opposition au Rwanda. Elles dénoncent les graves menaces de mort proférées par le président Kagame contre cette dernière.

Les FDU-Inkingi expriment leur profonde indignation face aux déclarations inacceptables du président rwandais, Paul Kagame. En effet, dans son discours lors de la 17ème réunion de “Unity Club”, il a dit qu’il a octroyé une grâce présidentielle à Victoire INGABIRE Umuhoza mais qu’elle a manqué l’occasion de se taire, encouragée en cela par ses sympathisants et certains médias occidentaux. Paul Kagame a précisé qu’il est question de temps, que l’heure va bientôt sonner pour elle : une menace de mort à peine voilée. Ces propos, visant l’intégrité physique de Madame Victoire INGABIRE Umuhoza s’inscrivent  dans une longue série de persécutions et d’actes répressifs  à l’encontre des opposants politiques au Rwanda et ailleurs dans le monde.

Rappelons que lors de sa campagne électorale en date du 06 juillet 2024 dans le district de Bugesera, dans son discours, il a parlé du développement du Rwanda et a affirmé que “personne ne viendra détruire ce que nous avons construit”. Il a ensuite déclaré que “certains d’entre nous ont accepté être utilisés par ces personnes [c’est-à-dire des opposants politiques]. Ils les présentent comme des personnes extraordinaires. “Ces personnes ne parviendront à rien tant qu’elles ne seront pas mortes”.

En date du 9 juillet 2024, le président Kagame a participé à une séance de questions-réponses avec les influenceurs rwandais (des réseaux sociaux) dans le village de Mulindi, district de Gicumbi. Au cours de cette rencontre, il a décrit Mme Victoire INGABIRE Umuhoza comme une “petite femme génocidaire”. Le président s’est moqué publiquement de cette dernière pour avoir cru qu’elle était une opposante politique qui voulait être présidente du Rwanda.

En date du 13 juillet 2024, le président a tenu une conférence de presse dans laquelle il a fait référence à des activités dans lesquelles, selon lui, Madame Victoire INGABIRE Umuhoza était impliquée, déclarant notamment qu’elle “passe son temps à crier”, qu’elle “se bat avec le maléfique qui l’habitait”, “travaille avec des gens impliqués dans la guerre dans l’Est de la RDC” et  “souhaite ou dit du mal du Rwanda”. Il a ajouté :  : “Vous savez qu’elle ne finira pas bien”, ce qui équivaut à une menace à sa vie et à sa sécurité. Le président a ajouté: “on ne peut pas permettre à ces personnes [comme Me Victoire INGABIRE Umuhoza et Charles Onana] d’atteindre un niveau où leur action peut avoir des conséquences négatives sur le pays ou sur les rwandais. Quand il s’agit de ce niveau, nous trouvons une solution appropriée,… Lorsqu’ils disent des mensonges, réfutons ce qu’ils disent. Mais s’ils dépassent les bornes, les conséquences sont claires”. Ces menaces illustrent une fois de plus l’absence totale de respect des principes fondamentaux des droits humains et de l’État de droit par le régime rwandais. Ce discours a  été tenu dans le contexte de la longue tradition du gouvernement rwandais d’étouffer toute opposition politique significative au Rwanda ou à l’étranger.

Il existe de nombreux rapports bien documentés et crédibles selon lesquels des collègues et des membres du parti politique de Madame Victoire INGABIRE Umuhoza ont été illégalement ciblés, arbitrairement arrêtés, torturés, portés disparus ou assassinés au fil des ans. Nous pouvons citer notamment Illuminée Iragena disparue en mars 2016, Jean Damascène Habarugira en mai 2017, Boniface Twagirimana  en octobre 2018, Anselme Mutuyimana en mars 2019, Syldio Dusabumuremyi en septembre 2019, Théophile Ntirutwa en mai 2020 et Vénant Abayisenga en juin 2020. Aucun de ces cas n’a fait l’objet d’une enquête par les autorités rwandaises. Et donc personne n’a jamais été tenu responsable de ces crimes graves.

Madame Victoire INGABIRE Umuhoza, symbole du courage et de la résilience face à la dictature, incarne l’espoir des millions de rwandais aspirant à un avenir démocratique, juste et pacifique. S’attaquer à sa personne et à son intégrité physique est non seulement une menace contre une personne, mais également une attaque directe contre la liberté d’expression, les droits politiques et l’avenir démocratique du Rwanda.

Les FDU-Inkingi interpellent:

  1. Le gouvernement rwandais et lui recommandent de cesser définitivement les propos qui menacent des citoyens rwandais. Cette pratique est indigne de quelque autorité que ce soit, et à plus forte raison inacceptable de la part du Chef de l’État.
  2. Le peuple rwandais pour qu’il se mobilise pacifiquement mais efficacement pour la justice, pour la liberté d’expression et pour le respect des droits fondamentaux de tous les rwandais.
  3. Les organisations de défense des droits humains pour qu’elles dénoncent ces atteintes flagrantes et prennent les mesures nécessaires pour documenter ces menaces comme des violations graves des droits humains.
  4. Les partenaires internationaux du Rwanda pour qu’ils condamnent sans équivoque ces propos menaçants et qu’ils exercent une pression effective sur le régime rwandais afin qu’il cesse ces tracasseries, harcèlements et menaces de mort contre Madame Victoire INGABIRE Umuhoza et les opposants politiques en général.

 

Nous rappelons que la lutte de l’opposition politique au Rwanda n’a qu’un seul objectif : instaurer un État véritablement démocratique au Rwanda, où les droits et libertés de tous sont respectés. Nous sommes d’avis que les intimidations et les menaces, même émanant du plus haut niveau de l’État, ne feront que renforcer les opposants politiques dans leur détermination à continuer ce combat légitime pour la justice et la démocratie.

 

Fait à Angers, le 18 novembre 2024

 

Dr Ernest NZARAMBA

Commissaire aux Affaires juridiques et aux Droits de l’homme.

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