Communiqué de presse.
Le Rwanda doit se défaire définitivement d’une justice sous l’emprise de Monsieur Kagame et bannir à jamais toute forme de torture ainsi que d’autres traitements inhumains dégradants.
Amnesty International vient de publier un rapport accablant sur la violation des droits humains y compris l’usage de la torture, et l’état de la justice au Rwanda. Cette ONG de défense des droits de l’homme accuse les services de renseignements rwandais de torturer les citoyens arrêtés arbitrairement entre 2010 et 2012. Ces faits bien renseignés se rapportent notamment sur 45 cas identifiés de détentions illégales et 18 autres de torture dans un camp militaire de Kami, près de Kigali. Sous prétexte de menacer la sécurité nationale, ces personnes sont arrêtées et emprisonnées sans aucun dossier judiciaire. Rarement, lorsque certaines d’entre elles qui croupissent en prison ont été déférées devant les juges, Amnesty International a pu constater que durant leurs procès elles avaient fait état d’extorsion d’aveux sous torture, et que ni la cour, ni le procureur n’avait enquêté sur ces accusations.
Le régime de Kigali, aujourd’hui dans le collimateur des organisations de défense des droits de l’homme, tente de s’expliquer. Sur ce point, Monsieur Karugarama, ministre rwandais de la justice donne des réponses autant contradictoires que confuses. Certes, il reconnaît d’abord qu’il y a eu quelques détentions illégales, mais d’après lui ces exactions auraient été traitées au niveau de la justice de façon très adéquate ! Par la suite il passe à la défensive, allant jusqu’à approuver l’usage de ces méthodes bannies au niveau international. En effet, Monsieur Karugarama qui pourtant est un juriste qualifié les a cautionnées, lorsqu’il s’exprimait sur les antennes de la BBC Kinyarwanda le 15 octobre 2012, admettant que les officiels de l’armée rwandaise ne pouvaient ne pas poursuivre ceux qui menaçaient la sécurité du pays dans ces circonstances qu’il prend comme « l’état d’urgence ». Comme s’il ignorait l’article 15 de la constitution rwandaise, conforme à l’article 3 de la Cour Européenne des droits de l’homme, qui interdisent l’usage de la torture sous quelle forme qu’elle puisse être, et ce en concordance avec le Jus Cogens défini par la Convention de Genève du 23 mai 1969, dans son article 53. Et quand Monsieur Karugarama poursuit en prétendant que les familles de ces prisonniers peuvent toujours se baser sur le Habeas Corpus pour revendiquer les droits des leurs qui sont outrageusement bafoués, il s’agit du trompe-œil ! Il fait semblant de ne pas connaître la très longue liste de certains de ses compatriotes que les services des renseignements rwandais ont fait disparaître, et que leurs parents et amis ne peuvent oser poser la moindre question sur cette situation sous peine de subir le même sort. Par exemple, des disparitions plus récentes, on citerait Messieurs Robert Ndengeye Urayeneza et Cheikh Idhi Abbasi détenus on ne sait où depuis 2010. Quant au lieutenant-colonel Rugigana-Ngabo qui a été emprisonné pendant cinq mois sans aucune inculpation, sa famille excédée avait été obligée de saisir la Cour de Justice d’Afrique de l’Est en Tanzanie. Par la suite, dans son prononcé, cette cour a estimé que le Rwanda avait violé ses obligations aux termes du traité régissant ce tracé procédural.
Le phénomène de faire disparaître les gens et de les torturer de la manière la plus abjecte a commencé dès la prise du pouvoir par le FPR au Rwanda en 1994. Il suffit de visionner l’extrait du film « Chronique d’un Génocide Annoncé – Nous nous sentons trahis » – 1996 qui avait été censuré depuis plus de 16 ans, pour s’en rendre compte. Ce qui se passe dans les prisons rwandais, les témoins –clés qui expliquent, tout cela est très évocateur. Mais, dès lors que toutes les atrocités relatées dans ce documentaire de 45 minutes ont eu lieu entre 1994 et 1996, juste après la prise du pouvoir par l’ex-rébellion, quand elle cherchait peut-être encore comment le consolider à sa façon, quelle explication pourrait-on donner sur le fait que ces méthodes barbares soient toujours en vigueur chez nous aujourd’hui et en secret ?
Dans ses communiqués, le Parti FDU-Inkingi n’a pas cessé de dénoncer ces méfaits, plus spécifiquement pendant ces années évaluées par Amnesty International 2010 – 2012. Par exemple ceux qui ont été publiés le 06 juin 2011 et le 10 juin 2011 reviennent sur le problème concernant des emprisonnements illégaux qui se font dans des endroits inappropriés, souvent inconnus du public comme « kwa Gacinya », « ku Kabindi », « kwa Kabuga » où les détenus subissent des tortures innommables… Des informations dont nous avons eu connaissance, des témoignages de ceux qui ont subi ces supplices, les conséquences qui en découlent les poursuivent sans arrêt. Ils vivent des hallucinations, connaissent des angoisses en permanence et/ou sont déconnectés du réel, etc. Les traumatismes psychologiques extrêmes endurés par les anciens détenus libérés font que certains d’entre eux parlent à des personnes absentes ou entendent des voix. Quant aux déclarations gouvernementales selon lesquelles la torture et les détentions dans des lieux illicites seraient l’œuvre d’une minorité, cela relève de la supercherie pure et simple, le comble de l’aberration. En réalité, les effets recherchés par le pouvoir en utilisant ces méthodes, c’est la destruction totale de la personnalité des victimes : les briser définitivement en déstructurant leur personnalité. Le pouvoir cherche ainsi à anéantir ceux qu’il considère comme une menace à son encontre, qu’ils soient en prison ou en « liberté ».
De par tous ces agissements tel que décrits, le régime rwandais prouve qu’il se moque éperdument des Conventions de Genève qui pourtant restent la pierre angulaire de la protection et du respect de la dignité humaine. Malgré la publication d’une multitude de rapports par les organisations de défense des droits de l’homme qui pointent le Rwanda du doigt, mais aussi le Mapping Report, – document volumineux qui détaille les crimes commis par l’Armée Patriotique Rwandaise en RDC entre 1993 et 2003, ses auteurs ayant conclu en affirmant que ces massacres à grande échelle ont un caractère de génocide ; rien de tout ceci ne semble émouvoir outre mesure l’homme fort de Kigali.
C’est ainsi que, conscient de la gravité de la situation, et animé par une grande détermination à contribuer pour mettre fin à l’impunité qui prévaut dans la région des grands lacs, les partis politiques d’opposition rwandaise FDU-Inkingi et RNC-Ihuriro ont porté plainte contre le président Kagame au CPI à La Haye le 17 août 2012. Se basant sur ces crimes déjà relatés dans le Mapping Report, les deux formations politiques ont consolidé leur plainte en dénonçant les massacres que l’armée rwandaise sous le pseudonyme de M23 est en train de commettre actuellement en RDC. Il s’agit des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité dont l’usage des enfants soldats et des repris des FDLR qui pourtant selon la version officielle, avaient été rapatriés de l’est de la RDC par la MONUSCO ou de force par Kigali, afin d’être réintégrés dans la société rwandaise. Mais il y a aussi les crimes graves de viol des femmes et des enfants congolais que ces soldats du M23 continuent de perpétrer, ainsi que le pillage des ressources minières du Congo par cette énième rébellion créée et financée par Kigali.
Le régime totalitaire rwandais ne cesse d’endeuiller la région d’Afrique centrale où il fait régner une misère indescriptible. Cela fait dix-huit ans que ça dure… Il est grand temps que justice soit faite, que Monsieur Kagame et ses acolytes répondent de leurs crimes ignobles devant la justice internationale.
Fait à Lausanne, Suisse, le 17 Octobre 2012.
Dr. Nkiko Nsengimana
Coordinateur du Comité de Coordination des FDU-Inkingi.
17Oct