Nous avons appris, sans trop de surprises, que les autorités judiciaires rwandaises ont décidé de ne pas rendre le verdict tant attendu dans le procès de la Présidente des FDU, Mme Victoire Ingabire et ses quatre co-accusés.
Cette manœuvre destinée à continuer à maintenir une innocente en prison est inacceptable. En effet, Mme Victoire Ingabire vient de passer 3 ans et deux semaines dans la prison centrale de Kigali au seul motif qu’elle a osé réclamer l’ouverture de l’espace politique, espace jusqu’aujourd’hui cadenassé par le régime du FPR qui ne veut pas qu’aucune formation politique qui ne lui soit pas inféodée puisse fonctionner librement. Seules les formations politiques ayant fait allégeance au FPR peuvent aspirer au statut de parti politique, les autres étant soit interdites, soit persécutées ou devant subir des divisions orchestrées par le régime.
We learned without a big surprise that the Rwandan judicial authorities have decided not to announce the long-awaited verdict in the trial of FDU-Inkingi’s Chair, Ms. Victoire Ingabire Umuhoza, and her four co-defendants.
This maneuver which aims to maintain an innocent person in prison is unacceptable. Indeed, Ms. Victoire Ingabire has just spent three years and two weeks in the Kigali maximum security prison solely because she dared to demand the opening of political space until now padlocked by the RPF regime which does not allow any political party that is not beholden to the RPF to operate freely. Only organizations that have pledged allegiance to the RPF can aspire to the status of political party in Rwanda; all others are either prohibited or persecuted or subjected to internal divisions orchestrated by the regime.
Mme Victoire Ingabire Umuhoza, est rentrée de son exil de plus de 16 ans aux Pays-Bas pour faire enregistrer les FDU-Inkingi au Rwanda et participer à l’élection présidentielle d’août 2010. Dès son arrivée au Rwanda, elle fut traitée comme une « ennemie » du pays, elle fut persécutée tant par les autorités que par les media proches du régime, avant que les services de sureté, la police et la justice s’en mêlent pour lui fabriquer des crimes, qui, au fur du procès révélèrent leur caractère éminemment politique.
A l’issue du procès devant la Haute Cour de Kigali, procès dans lequel les droits de l’accusée et de son conseil furent bafoués au grand jour, elle fut condamnée à huit ans de prison, décision contre laquelle elle a interjeté appel devant la Cour Suprême. Le parquet avait lui aussi fait appel de cette décision ainsi que de celle concernant les co-accusées de Mme Ingabire.
La Cour Suprême avait par ailleurs annoncé aux avocats de Mme Ingabire, que si pour une raison ou une autre, l’énoncé du verdict devait être reporté, les parties seraient averties au moins une semaine avant la date retenue pour la lecture du verdict. Nous constatons que le report de cette lecture intervient à seulement trois jours de la date annoncée précédemment.
Les FDU-Inkingi condamnent ces tergiversations du régime rwandais et déplorent le mépris de la Cour envers la personne emprisonnée et son conseil qui doit s’organiser pour être présent lors du prononcé du verdict.
Les FDU-Inkingi constatent avec regret que le régime rwandais cherche à gagner du temps au moment où toutes les personnes et organisations non gouvernementales ayant suivi le procès constatent que les crimes dont Mme Ingabire est accusée sont sans fondement. La plupart des témoins de l’accusation se sont rétractés ou contredits, ce qui, dans un système judiciaire normal, aurait dû conduire à l’abandon des charges et à la relaxation immédiate de l’accusée.
Les FDU-Inkingi sont consternées par certaines informations selon lesquelles les co-accusés de Mme Ingabire auraient été libérés en catimini avant même de connaitre le verdict concernant l’accusée principale, contre laquelle ces co-accusés avaient témoigné avant de se rétracter pour la plupart.
Il est temps de rendre justice à la Présidente des FDU-Inkingi et le régime rwandais a tout intérêt à libérer une innocente et accepter l’ouverture de l’espace politique, seule voie d’un développement et d’un progrès pérennes dont notre peuple a tant besoin.
Les FDU-Inkingi demandent la libération immédiate de leur présidente, de leur secrétaire général Sibomana Sylvain, de tous les autres membres des FDU ainsi que celle de tous les opposants politiques qui croupissent en prison sans qu’aucun crime ne leur soit réellement imputable.
Fait à Paris, le 29 octobre
Dr. Emmanuel Mwiseneza
Commissaire à l’Information et à la Communication
Ajournement_Verdict_VIUMs. Victoire Ingabire Umuhoza returned from an over 16-year exile in the Netherlands to register her political party, FDU- Inkingi, in Rwanda and participate in the presidential election of August 2010. Upon her arrival she was treated as an “enemy” of the country; she was persecuted by both authorities and the media close to the regime, before security services, the police and the courts got involved to fabricate trumped-up charges against her, which, as the trial has revealed, turned out to be politically motivated.
At the end of the trial before the High Court of Kigali, in which the rights of the accused and her defense counsel were violated in broad daylight, Ms. Victoire Ingabire was sentenced to eight years in prison, the sentence against which she appealed to the Supreme Court. The prosecution also appealed that court’s decision along with the other one relating to the four co-accused of Victoire Ingabire.
The Supreme Court told Ms. Ingabire’s lawyers that should the verdict have to be postponed for one reason or another, all of the parties would be notified at least one week before the scheduled date for the verdict. We now note that the postponement of this verdict comes just three days before the previously announced date.
FDU-Inkingi condemns this procrastination of the verdict by the Rwandan regime and deplores the court’s contempt against the imprisoned person and her defense counsel that has to pull together before it can attend the verdict.
FDU-Inkingi notes with regret that the Rwandan regime is trying to buy time when all the people and non-governmental organizations that followed the trial closely attest that the charges preferred against Ms. Ingabire are unfounded. Most of the prosecution’s witnesses have recanted or retracted. In a normal judicial system, such a fact would have led to the dismissal of all the charges and to the immediate release of the accused.
FDU-Inkingi is dismayed by reports that the co-accused of Ms. Ingabire may have been released on the sly before knowing the verdict on the main accused, against whom these co-defendants have testified before retracting for most of them.
It is time to render justice to the FDU-Inkingi’s Chair. It is in the Rwandan regime’s interest to release an innocent person and accept the opening of political space, the only way conducive to sustainable development and progress much needed for our people.
FDU- Inkingi demands the immediate release of its Chair, Victoire Ingabire Umuhoza, its Secretary General, Sylvain Sibomana, all of its other members, as well as all political opponents who are languishing in prison without having committed any crime.
Done in Paris, on October 29, 2013
Dr. Emmanuel Mwiseneza
Commissioner in Charge of Information and Communication
29Oct