Mardi 24 juin 2014
Comme prévu, la commémoration du 20ème anniversaire de l’assassinat par le FPR de 15 civils dont 13 ecclésiastiques et 2 jeunes gens a eu lieu à Orléans (France) dans l’Église de Saint Paterne en dates du 20 et 21 juin 2014.
Lors de la veillée de prière de vendredi 20 juin à 20 h 00, les participants ont prié pour le Rwanda. Ils ont offert à Dieu tous les cœurs blessés par les drames survenus dans ce pays depuis la guerre de 1990 jusqu’à aujourd’hui et ont demandé pour ce pays l’avènement de la paix, l’amour et la réconciliation durables.
Les cérémonies de samedi 21 juin ont été ouvertes à 13h15 par une célébration eucharistique présidée par l’abbé Sylvestre Ndagijimana. Dans un mot d’accueil “très saisissant”[1], Monsieur Emmanuel Dukuzemungu a souligné le caractère spirituel et symbolique de cette rencontre. Initiative divine et non humaine, cette “rencontre entre les habitants du ciel et de la terre” avait pour portée la célébration de la victoire de l’Amour et de la Vérité. L’homélie de l’abbé Sylvestre s’est centrée sur l’union des victimes de Gakurazo au sacrifice de Dieu célébrée dans la fête du Saint sacrement et sur leur amour.
Au cours du débat qui a suivi la célébration eucharistique, les participants ont pu suivre le témoignage d’Emmanuel Dukuzemungu. Avant de rendre hommage aux organisations de défense des droits de l’homme, en particulier, à Human Right Watch, et à son membre, la regrettée Madame Alison Desforges, le témoin des horreurs de Gakurazo n’a pas mâché ses mots pour fustiger l’attitude de la communauté internationale par rapport au dossier de Gakurazo.
Les participants ont fait des propositions pour l’avenir. Ils ont convenu qu’au delà des clivages de toutes sortes, le peuple rwandais devait s’unir pour dénoncer une injustice unique dans l’histoire: celle où un tribunal, le TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) basé à Arusha (Tanzanie), a été créé visiblement pour protéger certains au lieu de punir tous les coupables.
Sont envisagées, dans les jours à venir, des réflexions et propositions concrètes.
Fait à Fribourg (Suisse), ce 24/06/2014.
Un participant
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[1] Mot d’accueil par Emmanuel Dukuzemungu:
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Nous voici rassemblés en cette maison du Seigneur de St Paterne. Nous sommes venus des 4 coins de ce continent, et il y en a d’autres qui, n’ayant pas pu venir physiquement, sont avec nous dans leurs cœurs. Nous sommes les invités du Seigneur parce que cette rencontre, Dieu l’a voulue. C’est l’œuvre de Dieu. Elle ne vient pas de la caprice de je ne sais qui. Dieu l’a voulue. La rencontre a failli d’ailleurs ne pas avoir lieu, en tout cas, ici, et, comme ce que Dieu veut se fait, eh bien! nous voici rassemblés en son nom aujourd’hui, ici. Dans cette rencontre entre les habitants du ciel et de la terre, Dieu veut faire de nous des Témoins et des Messagers: ouvrons nos cœurs et nous pourrons être porteurs d’une bonne nouvelle.
Quelle est cette nouvelle? Nous ne sommes pas venus condamner qui que ce soit. Nous sommes venus célébrer la victoire de l’Amour, avec majuscule, et de la Vérité, avec majuscule. Ceux qui ont été tués à Gakurazo ce n’était pas des ennemis ni des méchants. Ça, les tueurs le savaient. C’était des gens qui avaient la charité dans leur cœur. Ça, les tueurs le savaient. Ils, ces tueurs, ont passé 3 jours avec des innocents, sans armes, sans défense, et, comme des agneaux conduits à l’abattoir, ils les ont tués. Et c’était le jour du Saint Sacrement. Comme Jésus qui, conduit comme un agneau à l’abattoir, a accepté la mort par amour, les victimes de Gakurazo ont été tués mais leur charité au nom de Jésus ne périra pas et sera toujours leur témoin. Nous sommes là pour l’attester et ça, les assassins l’ignoraient certainement. Ils ignoraient que la vérité et l’amour ne meurent jamais et qu’ils finissent par vaincre, avoir le dernier mot. Ils l’ignoraient parce que le Diable, leur pire ennemi, les avait aveuglés et les empêchait de voir la Vérité.
Nous sommes venus pour être les témoins de la Vérité. La vérité c’est que la vérité ne meurt pas. Cette vérité c’est que les murs de la haine que les hommes, des Rwandais, ont construits dans leurs cœurs et entre eux doivent tomber et ils tomberont de toute façon. La vérité est que l’Amour doit et va triompher. Voilà ce que Dieu veut que nous transmettions. Les victimes de Gakurazo nous y encouragent et nous y invitent. Elles sont avec nous maintenant. C’est bien de les nommer:
1. Richard Sheja, petit enfant de 8 ans, petit ange mort tenu dans les bras d’un sage, tu es là.
2. Stanislas Twahirwa, jeune adolescent étudiant, plein de vigueur et tué alors que tu avais plein de projets d’avenir comme les jeunes de ton âge, tu es là.
3. Frère Jean-Baptiste Nsinga, tué par ceux -là qui annonçaient qu’ils ont pris les armes pour te défendre, tu es là.
4. Abbé Fidèle Gahonzire, qui n’as pas voulu te sauver en abandonnant tes compagnons, tu es là.
5. Abbé Emmanuel Uwimana, mort plein d’intelligence et de vigueur, tu es là.
6. Abbé Bernard Ntamugabumwe, qui avais un grand sens de sociabilité et de fraternité, tu es là.
7. Abbé JMV Rwabilinda, mort plein de beauté et de bonté, tu es là.
8. Abbé François Muligo, qui t’es beaucoup dépensé jour et nuit par tes déplacements à la recherche de vivres pour les déplacés de guerre de Kabgayi, tu es là.
9. Abbé Alfred Kayibanda, qui as bravé la peur dans un courage extraordinaire pour aller au secours de ceux qui étaient en danger de mort, tu es là.
10. Abbé Sylvestre Ndaberetse, qui as coordonné avec sagesse les activités de distribution de vivres pour les déplacés de guerre à Kabgayi, tu es là.
11.Mgr Thaddée Nsengiyumva, qui t’es impliqué personnellement et sans cesse auprès des autorités pour la défense de ceux qui avaient demandé protection dans le diocèse dont tu avais la charge, tu es là.
12. Mgr Joseph Ruzindana, qui aurais tant aimé être dans ton Diocèse pour le protéger, tu es là.
13. Mgr Vincent Nsengiyumva, qui, avant ta mort, as beaucoup prié pour ton pays, tu es là.
14. Abbé Innocent Gasabwoya, qui, fidèle à la devise “omnia caritas” de l’Evêque, André Perraudin, qui t’avait choisi comme 1er collaborateur et à qui tu es resté fidèle jusqu’au bout malgré les incompréhensions, tu es là.
15. Abbé Denys Mutabazi, qui avais échappé à d’autres tueries à Nyundo ton diocèse, tu es là.
16. Frères Balthazar et Vivens et des ouvriers de votre communauté, tués à Kinazi parce que vous étiez considérés comme témoins gênants de ce qui s’est passé à Gakurazo, vous êtes là.
17. Père Vjecko, tué à Kigali parce que tu étais considéré comme témoin gênant de ce qui s’est passé à Gakurazo, tu es là.
Vous êtes là avec la longue liste d’autres victimes du Rwanda. La commémoration du 20ème anniversaire de votre assassinat rassemble toutes les autres victimes, connues ou pas, nommées ou pas, oubliées ou pas, commémorées dans des cérémonies officielles de Kigali ou pas, portées dans nos cœurs et que nous offrons aujourd’hui au Seigneur.
Puisse le Seigneur de l’Amour et de la Vérité nous faire entrer dans cette démarche spirituelle très profonde de demande de Paix, celle qui abat et abattra les murs de la haine pour le Rwanda.
Que la Force invisible mais efficace du Prince de la paix visite tous les cœurs rwandais.
Que le Seigneur forge de nos blessures les instruments de recherche de paix, d’unité et de réconciliation.
Entrons pleinement et saintement dans cette célébration.
Emmanuel Dukuzemungu
BILAN: Commémoration à ORLÉANS (France) du 20ème anniversaire de l’assassinat par le FPR des Évêques, prêtres, religieux et laïcs à Gakurazo (Rwanda)
29Juin