Souvenez-vous, c’est le 16 janvier 2010, que Madame Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des Forces démocratiques unifiées – FDU Inkingi s’est agenouillée, avec une joie immense et une émotion intense, pour baiser le sol de sa patrie qu’elle avait quittée 16 années auparavant.
Chers compatriotes, chers amis du Rwanda,
Souvenez-vous, c’est le 16 janvier 2010, que Madame Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des Forces démocratiques unifiées – FDU Inkingi s’est agenouillée, avec une joie immense et une émotion intense, pour baiser le sol de sa patrie qu’elle avait quittée 16 années auparavant.
Une année de lutte concrète sur terrain pour la démocratie, pour la liberté, pour le droit à la vie et à la sureté personnelle, le droit d’association, le droit d’expression, pour les droits politiques, pour l’ouverture de l’espace politique, bref, pour les droits publics fondamentaux, verrouillés par un pouvoir totalitaire d’un autre âge.
Une année de combat, aux côtés des Rwandais dans le pays, pour la reconnaissance de la douleur de toutes les victimes du génocide rwandais et des autres crimes contre l’humanité, contre l’oubli ou le souvenir tronqué qui trichent et laissent dans l’indifférence et l’accablement des Rwandais sans-voix.
Une année de lutte pour l’égalité de traitement et pour l’égalité des chances afin que tous les enfants de notre patrie, le Rwanda, puissent accéder, sans discrimination, aux richesses communes, à l’éducation, aux soins de santé de base.
Une année de dénonciation d’une justice inique qui, reniant le droit de base de se faire assister par un défenseur de son choix et d’être jugé dans des délais raisonnables, a instauré une justice populaire et de délation «gacaca» et a jeté des centaines de milliers de justiciables dans des travaux d’intérêt général, souvent sans espoir de retour.
Une année de parti pris inconditionnel pour la paix régionale brisée par une dictature qui a porté sa férocité jusque chez les pays voisins, au Congo principalement, causant plus de 5 millions de morts.
Encensé par certains milieux et une certaine presse partisane qui le présentent comme le champion toutes catégories de la croissance économique, le Président rwandais, tel une super star, avait cru pendant longtemps être parvenu à l’invincibilité politique.
Par sa présence au Rwanda, Madame Victoire Ingabire Umuhoza, a fait éclater au grand jour la véritable dimension du régime rwandais: un pouvoir totalitaire, ethniste et sans horizon humain, monopolisé par une poignée de militaires qui, grâce à une police politique et un réseau tentaculaire de services secrets, a la mainmise sur toutes les institutions publiques et caporalise la justice et la société civile.
Le pouvoir, pendant une année, a accumulé des fautes politiques et des violations graves des droits de l’homme dont les principales sont:
- Assassinat de M. André Kagwa Rwisereka, vice-président du parti des verts rwandais le 13 juillet 2010,
- Assassinat du journaliste Jean-Léonard Rugambage, journal Umuvugizi, le 24 juin 2010,
- Tentative d’assassinat du général Kayumba Nyamwasa le 19 juin 2010,
- Enlèvement suivi de l’arrestation de M. Déogratias Mushayidi, leader du parti PDP IMANZI le 3 mars 2010,
- Arrestation de Mme Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des FDU Inkingi le 21 avril 2010, mise en résidence surveillée le lendemain et arrêtée de nouveau le 14 octobre 2010,
- Arrestation de M. Peter Erlinder, avocat américain de défense de Madame Ingabire Umuhoza le 17 juin, libérée ensuite sous caution,
- Arrestation de M. Ntaganda Bernard, président du parti PS Imberakuri le 24 juin,
- Arrestation des journalistes Agnès Nkusi Uwimana et Saidati Mukakibibi, journal Umurabyo le 8-10 juillet 2010
- Arrestation d’une dizaine de responsables des partis FDU Inkingi et PS Imberakuri le 24 juin, libérés ensuite sous caution,
- Arrestation de Maître Théogène Muhayeyezu, avocat rwandais du parti FDU-Inkingi, le 24 juin, libéré 15 jours plus tard,
- Elections présidentielles en exclusion des partis de l’opposition, le 9 août 2010,
- Arrestation de plusieurs haut-gradés au sein de l’armée rwandaise: Général Charles Muhire, Général Major Karenzi Karake, Colonel Rugigana Ngabo, etc…
- Publication le 1er octobre 2010 du Rapport Mapping des Nations Unies sur les crimes commis au Congo essentiellement par l’armée rwandaise.
Oui, en moins d’une année, l’étoile de la superstar a pâli! Elle qui se présentait ou qui était présentée comme le leader africain hors pair de la nouvelle génération. Elle s’est tellement décomposée que des gouvernements qui l’encensaient, n’osent plus parader ensemble en public.
Les thuriféraires du régime ne trouvent plus en effet d’explication convaincante pour une accumulation de tant d’exactions et de fautes politiques. Ils ne peuvent pas expliquer comment un régime prétendument démocratique peut refuser l’agrément des partis politiques de l’opposition et empêcher ses leaders de concourir légalement aux élections présidentielles. De surcroît, les personnes qui pensaient révolus les scores électoraux à la soviétique pour un candidat à la présidence sont encore plongés dans un extrême embarras.
Et peu à peu, le miracle économique d’une croissance soutenue apparaît comme le résultat d’une conjonction malheureuse d’une économie criminelle et fortement inégalitaire. Il s’agit d’une part du résultat du prix du sang payé par 5 millions de morts congolais dans des guerres qui poursuivent également l’exploitation éhontée et corrompue des ressources d’un pays voisin. Il s’agit d’autre part, d’une ponction maximale de l’épargne rurale de 90 % de la population au profit d’une économie urbaine portée par 10% de la population rwandaise. A cela, il convient d’ajouter une distribution inégalitaire de la richesse nationale où, selon les Nations Unies, 10% de la population la plus riche détient plus de 50% de la richesse tandis que 50% de la population la plus pauvre détient à peine 10% la fortune nationale.
Voilà le bilan d’une année de combat de notre Présidente, un bilan des FDU Inkingi, un bilan dont nous sommes fiers, et dont peuvent aussi se targuer toutes les bonnes volontés qui nous aident dans cette lutte émancipatoire.
Notre leader est à présent en prison depuis le 14 octobre 2010. A ceux et celles qui seraient prompts à se décourager et à rendre le tablier, rappelez-vous ses paroles seulement quelques jours après son retour au pays:
«Je crois au projet politique que je partage avec mes camarades, j’aime mon pays et tous ses habitants et je sais que je suis soutenue par mes compagnons de route et les Rwandais de toutes catégories sociales, ethniques et générationnelles. Il s’agit d’une force et d’un serment que je ne pourrais jamais trahir. Je ne fléchirai pas sur mon engagement alors que j’ai promis à mes camarades de l’accomplir. Je sais et j’y ai réfléchi longtemps, le régime peut me persécuter, m’emprisonner. J’aimerais vous dire en concluant que je suis prête à faire face et à endurer toutes les difficultés et les obstacles au travers de mon chemin jusqu’à la victoire finale, promise à mes camarades, promises aux Rwandais. Et au cas où le pouvoir attentait à ma vie, s’il vous plaît, continuez le combat par où je l’aurai laissé».
En prison, où elle est embastillée, notre présidente Victoire Ingabire garde le moral. Elle est libre dans sa tête et dans son âme. Elle l’est parce qu’elle est innocente et non pas parce qu’elle croit que la justice du régime lui restituera sa liberté. Non, elle ne croit pas du tout en la justice d’un régime tyrannique. Les accusations fallacieuses et les retournements abracadabrantesques de témoins, les entorses majeures à la procédure et à la présomption d’innocence, le prouvent à suffisance. Non, elle est tout simplement forte parce qu’elle sait que pour la libérer, nous allons renforcer la force du vent de la liberté et les semences de la démocratie qu’elle a plantées.
Madame Victoire Ingabire Umuhoza sait qu’elle est en prison à cause d’un régime qui veut utiliser une justice à sa botte pour l’évincer politiquement. Ce n’est pas cette justice inféodée à une tyrannie qui l’élargira, c’est la justesse de son combat politique qui la libérera. C’est la foi en notre projet politique, c’est notre capacité d’organisation, c’est la force et les synergies des alliances politiques que nous nouons et c’est enfin l’argumentaire de nos plaidoyers qui lui rendront sa liberté.
Grâce à notre détermination, grâce à notre constance dans le combat politique, la résistance démocratique engagée par les FDU-Inkingi et tous les démocrates rwandais liquidera le crédit de nuisance que lui apportent encore certains mentors internationaux, défenseurs des causes de la tyrannie rwandaise. Mobilisés, nous libérerons la Présidente des FDU Inkingi, et au-delà, nous libérerons notre Peuple.
Fait à Bruxelles, le 16 janvier 2011
Pour le Comité de Soutien aux FDU-INKINGI
Eugène NDAHAYO
Président