Les opposants politiques rwandais méritaient très certainement le Prix Sakharov 2012.

La non sélection de trois prisonniers politiques rwandais, Madame Victoire Ingabire Umuhoza, Messieurs Bernard Ntaganda et Déogratias Mushayidi, lors du second tour au prix Sakharov édition 2012 est indubitablement une énorme déception. Tout en respectant le choix du parlement européen qui est souverain en la matière, soulignons que ce choix n’entame en rien la crédibilité et la légitimité du combat des trois nominés rwandais pour un Rwanda plus en phase avec notre époque, conformément au vent de démocratie qui souffle sur tout le continent africain et le Moyen-Orient.

Créé en 1988 par le Parlement européen pour honorer les personnes ou les organisations qui militent pour la défense des droits de l’homme et la liberté d’expression, ce prix est un geste de solidarité démocratique sans frontières qui ne peut être dissocié des valeurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
En présentant les trois opposants rwandais à ce prix, les promoteurs de la candidature voulaient tout d’abord exprimer leur admiration pour le courage et l’abnégation de ces trois personnalités qui ont bravé la peur, le danger et ont osé dénoncer la répression dont est victime le peuple rwandais. Qui peut en effet oser nier l’évidence de l’intolérance et de la fermeture de l’espace politique rwandais ?
Dans son dernier rapport de mai 2012, Amnesty International dénonçait « l’usage systématique de la torture au Rwanda » par  les services des renseignements militaires DMI.
Alors que la Constitution rwandaise garantit le droit à l’intégrité de la personne et interdit formellement  le recours à la torture, Amnesty International évoque même dans son rapport d’octobre 2012, « des informations faisant état de disparitions forcées, d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements perpétrés contre des personnes se trouvant dans des centres de détention militaires ».

C’est contre ces violations fragrantes, parfaitement connues de la communauté internationales, que les 3 personnalités rwandaises se sont élevées, au risque de leurs vies.

Il ne fait aucun doute que les  candidats retenus sont de qualité et que leur combat mérite aussi une reconnaissance. Que la situation des droits de l’homme dans leurs pays d’origine soit préoccupante est aussi une réalité. Mais toutes proportions gardées, aucun des 3 pays dont les candidats ont été retenus n’a fait l’objet, en moins de deux ans, de deux rapports accablants de l’ONU pour des cas de violations graves des droits de l’homme.
En effet, dans son rapport intitulé « Mapping report », l’ONU épingle le gouvernement rwandais pour des actes commis en République Démocratique du Congo contre les réfugiés rwandais et contre les populations congolaises. Selon ce rapport, plusieurs de ces actes pourraient être qualifiés de génocide.
Dans un autre rapport non moins accablant, des experts de l’ONU ont accusés le gouvernement rwandais de soutenir la mutinerie des rebelles congolais du mouvement M23 soupçonnés de graves crimes contre l’humanité à l’Est de la RDC.
Le Rwanda a aussi été vivement critiqué lors de la dernière assemblée générale de la commission onusienne des droits de l’homme pour ses lois liberticides, dont celle relative à l’idéologie génocidaire. Celle-là même qui a conduit les 3 personnalités rwandaises derrière les barreaux et qui leur vaut d’être aujourd’hui enfermé sans aucun espoir de justice équitable.
Leur combat est identique à celui des illustres aïeux qui ont été à la base de la Déclaration des Droits de l’homme dont s’inspire le Prix Sakharov. Nous pensons que l’Union Européenne et sa haute assemblée, qui partagent ces valeurs, seraient honorées de les soutenir d’une manière ou d’une autre, car la liberté d’expression et d’exercice des droits civiques n’a pas de frontière.
Nous en profitons pour exprimer nos très sincères remerciements à tous les honorables députés européens qui ont soutenu cette candidature. Nous les exhortons à rester solidaires avec le peuple rwandais dans son combat pour les libertés universellement reconnues. C’est la seule façon de prouver que pour obtenir l’ouverture de l’espace politique il y a bien une alternative à la violence.
 
Fait à Bruxelles, le 14/10/2012.
 
FDU-Inkingi                                              PS Imberakuri                             
Dr. Nsengimana Nkiko                         Jean baptiste Ryumugabe
Coordinateur du Comité de Coordination          Représentant en Europe
 
PDP Imanzi                                                RIFDP
Gérard Karangwa                                             Madame Primitiva Mukarwego
Vice-Président                                                  Coordinatrice section Belgique
 
Rencontres pour la Paix
Luc Marchal
Cellule Afrique Centrale

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