DECLARATION DE LA PLATEFORME FDU INKINGI – RWANDA NATIONAL CONGRESS
NON A LA PARODIE DE JUSTICE ET A LA LIQUIDATION DE L’OPPOSITION POLITIQUE AU RWANDA
Ce samedi 19 novembre 2011 à Bruxelles, la plateforme FDU-Inkingi – Rwanda National Congress, coalition pour le changement démocratique au Rwanda, organise à Bruxelles, avec la collaboration de la société civile en exil, une marche de soutien à Madame Victoire Ingabire Umuhoza, Présidente des FDU Inkingi, détenue à la prison centrale de Kigali depuis le 14.10.2010 pour ses opinions politiques et qui subit actuellement un procès des plus iniques et dont l’issue de condamnation à une lourde peine est déjà connue avant le prononcé du jugement, ainsi que nous allons vous le démontrer plus loin. Nous vous remercions d’être venus dénoncer cette parodie de justice contre une opposante politique poursuivie injustement en raison de sa dénonciation d’un régime totalitaire et de son parti pris pour une justice rendue à toutes les victimes et à tous les bourreaux de l’hécatombe rwandaise depuis les années 90 à aujourd’hui.
Cette manifestation est également dédiée aux autres leaders politiques de l’opposition qui subissent, comme Madame Victoire Ingabire, le même sort en prison, voire en payent de leur vie. Nos pensées vont en particulier à feu André Kagwa Rwisereka, Vice-président du Parti démocratique des verts, trouvé la tête décapité à Butare le 14 juillet 2010. Maître Bernard Ntaganda, Président du Parti social Imberakuri, M. Deo Mushayidi, Président du PDP Imanzi, M. Charles Ntakirutinka, Secrétaire général du PDR Ubuyanja et le Dr. Théoneste Niyitegeka, candidat malheureux aux élections présidentielles de 2003, sont des prisonniers politiques et des compagnons de fortune de la Présidente des FDU Inkingi. Ils méritent notre reconnaissance et notre même estime pour leur combat pour la liberté.
LE PRESIDENT KAGAME JOUE UN ROLE CLE DANS CETTE PARODIE DE JUSTICE
Oui, nous assistons à une justice de parodie dans laquelle le Président Kagame joue un rôle clé. Comme nous l’avons dit plus haut, la condamnation de Madame Victoire Ingabire a été écrite avant même qu’elle ne soit formellement poursuivie. Car, souvenez-vous, c’est à peine 2 jours après que, dans sa conférence du 8 février 2010, le Général Kagame ait annoncé la fin de la lune de miel pour Madame Ingabire et ses prochaines épreuves devant la forteresse des lois bâties par le régime, que la police de sûreté a immédiatement ouvert une enquête criminelle contre elle. Deux mois après, à savoir le 7 avril, dans son discours de commémoration des victimes tutsi du génocide, le même Kagame, a traité les leaders de l’opposition, citant nommément Madame Ingabire, de hooligan. Le 22 mai, dans une interview accordée au journal ougandais « The Monitor », parlant toujours d’elle, M. Kagame a dit qu’il avait des preuves de la culpabilité de Mme Victoire Ingabire, pour 10 crimes et que cette dernière avait déjà reconnu son imputabilité pour 7 d’entre eux. C’est le Président de la République Paul Kagame qui parle, et non un juge ou un représentant du Parquet!
Dans la cérémonie d’investiture du nouveau gouvernement après la farce des élections présidentielles d’août 2010, dans lesquelles aucun leader de l’opposition n’a été autorisé à se présenter, le Général Kagame a parlé d’une manière prémonitoire de l’arrestation prochaine de la Présidente des FDU Inkingi. Il en a profité pour fustiger la communauté internationale qui, selon lui, accordait beaucoup de bienveillance à une leader de l’opposition, soupçonnée de divisionnisme et de propagande haineuse. Il annonçait sur le champ qu’il n’y avait plus d’espace politique libre pour les partis politiques. Une semaine après, soit le 14 octobre, Madame Victoire Ingabire était interpellée et mise en détention jusqu’à ce jour.
Voilà des faits qui prouvent aux FDU Inkingi et au RNC qu’il s’agit d’un procès politique écrit d’avance, afin de tuer dans l’œuf l’espérance démocratique portée par cette extraordinaire femme.
UNE JUSTICE AU GARDE-A-VOUS
Nous avons parlé plus haut de parodie de justice. Et pour qui doutait encore de l’iniquité du procès et de la mise au pas de la justice, vous êtes en train d’assister depuis plus de deux mois, à un spectacle désolant d’un tribunal qui fait fi de la procédure et des preuves présentées par la défense. La justice, c’est dire le droit applicable et le respect de la procédure. Normalement, un juge ne peut être saisi d’une cause que dans la mesure où les dispositions sur l’organisation judiciaire et sur la procédure civile ou pénale lui donnent le pouvoir de la juger. Or, la quasi-totalité des faits reprochés à Madame Victoire Ingabire, qu’elle nie par ailleurs avoir commis, se sont déroulés de toute évidence à l’extérieur du Rwanda, soit en dehors du champ de compétence de la Haute Cour. De même, le principe de la non rétroactivité de la loi pénale veut que l’on ne juge pas une personne pour des actes qui n’étaient pas interdits quand ils ont été commis. Et l’on voudrait ainsi l’accuser de négationnisme !
Vous avez entendu les témoins à charge contre Madame Ingabire, par ailleurs co-accusés. La Haute Cour a refusé leur contre-interrogatoire direct par la défense. Quel intérêt ont-ils à perdre à se confronter avec la défense alors qu’ils ont déjà plaidé coupables et ont accepté le risque majeur d’être condamnés? Ont-ils peur paradoxalement que dans le contre-interrogatoire par la défense, jaillisse leur innocence, et donc le gain normal induit, c’est-à-dire l’acquittement ? Non, Messieurs, Dames, ces pauvres bougres ont la peur au ventre. Ils sont manipulés par le pouvoir. Ce dernier craint en effet, que grâce au contre-interrogatoire, les accusations contre Madame Victoire Ingabire ne se révèlent des affabulations cousues de fil blanc. Ce régime qui aimerait tant condamner un leader politique qui dérange pour son engagement, avec les autres opposants en prison, pour la liberté, la démocratie et le vivre ensemble de tous les Rwandais, indépendamment de leur origine ethnique, sociale, sexuelle ou confessionnelle.
NOS LEADERS DE L’OPPOSITION EN PRISON PAYENT LE TRIBUT FORT
Le régime aimerait condamner la Présidente des FDU Inkingi et la jeter en prison comme il l’a déjà fait pour les autres prisonniers politiques. En condamnant autant de personnalités innocentes, pour des faits, en somme, qui relèvent exclusivement du champ de la politique, le régime de Kagame cherche à réprimer définitivement toute opinion dissidente et ainsi maintenir la population, totalement soumise et apeurée, sous son emprise totalitaire. En emprisonnant tous les leaders qui ont fait le pari de mener la compétition politique à l’intérieur du pays, le pouvoir de Kigali nous donne un signal sans ambiguïté qu’il n’est nullement prêt à ouvrir le moindre espace politique ni à entrer en dialogue avec son opposition. Nous devons l’y forcer, en employant toute la panoplie de la résistance pacifique.
Les FDU Inkingi et le Rwanda National Congress, réunis dans une plate-forme pour le changement, restent d’avis que l’émancipation et la fin de la dictature continueront à s’inscrire dans le sillage tracé par ces combattants de la liberté, eux qui en payent le prix exorbitant par le sang qu’ils versent (Kagwa Rwisereka) et par la prison qu’ils endurent (Victoire Ingabire, Bernard Ntaganda, Deo Mushayidi, Charles Ntakirutinka, Théoneste Niyitegeka). Nous devons combattre ce régime sans faiblir. Si notre combat reste, non celui de jouer aux opportunistes, mais celui de libérer le peuple rwandais du joug totalitaire sous lequel il croupit, les tentatives actuelles de corruption, de débauchage et de manipulation menées avec acharnement par le régime de Kigali pour briser l’opposition politique, n’y pourront rien.
Nous annonçons solennellement que nous avons définitivement perdu tout espoir d’une justice équitable et impartiale. Nous avons acquis la conviction irrévocable que, malgré les dizaines de millions d’euros versés annuellement par le gouvernement néerlandais ou d’autres pays, la justice rwandaise est incorrigible. On ne change pas une justice structurellement coulée dans du béton d’un régime totalitaire, qui de surcroît, est accusée de crimes massifs contre l’humanité. Nous sommes face à une dictature qui ne veut rien céder. Mais le vent de la liberté s’est levé, tel un ouragan, qui au fur et à mesure qu’il avance prend encore beaucoup plus de force, rien ne l’arrêtera, rien ne nous arrêtera. Puisque nous défendons une cause juste, nous vaincrons.
Fait à Bruxelles, le 19 novembre 2011.
Pour la plateforme FDU Inkingi – Rwanda National Congress
Nkiko Nsengimana
Coordinateur