RWANDA, Kigali, le 25 août 2011
Depuis son arrestation, le 14 Octobre 2010 et la détention préventive qui s’en est suivie dans la prison centrale de Kigali, Mme Victoire Ingabire Umuhoza, Présidente des FDU-INKINGI n’a jamais vu de médecin.Elle a été empêchée d’accéder aux soins médicaux. Après des demandes interminables, le gouvernement rwandais et l’administration pénitentiaire au niveau national ont imputé ce retard à l’absence du médecin de son choix qui aurait été pourtant intimidé et menacé d’expliquer pourquoi “des terroristes emprisonnés” auraient confiance en ses soins.
Aujourd’hui, après deux jours d’insistance pour qu’elle soit emmenée à l’hôpital pour un traitement d’urgence, et après avoir annulé la promesse de l’emmener à la clinique de son choix, le gouvernement voulait la faire traiter au CHUK, un centre hospitalier de Kigali mal équipé, mais a finalement opté pour l’hôpital moderne Roi Faycal aux frais de la patiente emprisonnée.
Rappel des faits:
En Octobre 2010, après son arrestation et des mauvais traitements qu’elle a subi dans les cachots de la police d’état, ils ont refusé de l’amener à l’hôpital. Seule une infirmière de la police et une autre personne qui s’est présentée comme étant un “police doctor” lui ont rendu visite dans sa cellule, où elle dormait ménottée à même le sol, et lui ont prescrit des comprimés contre une sérieuse baisse de tension artérielle;
Depuis Décembre 2010, elle s’est plaint d’une variété de maux et d’autres malaises en vain. Après un processus administratif long et compliqué, consistant en échanges de lettres entre l’avocat et les autorités pénitentiaires compétentes, une autorisation a été délivrée ; mais plus tard, le gouvernement a déclaré à la presse que le médecin de son choix avait décliné de se présenter à la prison. Mme Ingabire n’a pas été traitée et le processus était censé repartir à zéro.
Des efforts ont été engagés par le Comité Exécutif Provisoire des FDU-INKINGI pour des réservations médicales dans des cliniques privées. A deux reprises, les cliniques ont attendu en vain et tous les traitements ont été refusé sous prétextes de manque de moyen de transport de la prison à la clinique. Aujourd’hui, les autorités ont décidé à la dernière minute de l’emmener à l’hôpital Roi Fayçal. Ils ont intimé l’ordre à l’un de ses collègues de se munir d’argent pour payer des frais de consultations.
Pourquoi évitent-ils qu’elle soit traitée par un médecin ou une clinique de son choix? Pourquoi ont-ils retardé le traitement? Pourquoi menacent-ils de lui dénier les soins si les collègues de la leader de l’opposition incarcérée ne paient pas des factures médicales exorbitantes?
Tous ces tracas sont en relation avec son procès pénale politiquement motivé qui a été initié et ordonné par le Président Paul Kagame. En effet, dans une conférence de presse à Kigali le 08 Février 2010, le Président a déclaré que la lune de miel avec l’opposition était terminée et que Mme Ingabire serait écrasée par la fortresse judiciaire. Le lendemain, les interrogatoires de police ont commencé. Elle a été brièvement détenue le 21 Avril 2010, libérée sous caution le lendemain mais maintenue en résidence surveillée. Une forte campagne diffamatoire a été lancé pour convaincre la communauté internationale et les Rwandais que Mme Ingabire était une criminelle et que le régime detenait des preuves accablantes. À plusieurs reprises, soit au Rwanda, soit au cours des voyages à l’étranger, le Président n’a pas fait économie d’excès de langage envers sa prisonnière politique.
Le fait que cette campagne de désinformation provient de la plus haute autorité du pays, a été confirmé par de longs commentaires du Président Kagame au journal The Daily Monitor le 23 mai 2010 avec lesquels il s’est personnellement et directement immiscé dans le dossier judiciaire contre la leader de l’opposition ; ceci laisse entrevoir l’issue du procès par les tribunaux qui sont complètement au service de l’administration de Kagame qui commissionne les juges et prépare leurs dossiers d’affectation et disciplinaires.
Les leaders-clefs de l’opposition et les journalistes indépendants sont, soit incarcérés dans la prison centrale de Kigali, soit assassinés ou en exil. Maintenir les opposants en prison pour des motifs politiques est un aspect, mais leur refuser un traitement médical révèle la véritable nature de la justice du vainqueur au Rwanda.
Pendant combien de temps les Rwandais vont-ils accepter cela?
FDU-INKINGI
Boniface Twagirimana
Vice Président intérimaire.
25Août