Communiqué de presse.
Kigali, le 16 janvier 2012.
En date du 10 janvier 2012, les juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux ont rendu publiques les conclusions du rapport balistique relatif à l’attentat contre l’avion qui transportait le Président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira. L’élément nouveau et essentiel qui ressort de ce rapport est que le missile qui a abattu l’avion présidentiel aurait été tiré à partir de six endroits possibles. Le cimetière militaire de Kanombe et ses environs seraient les lieux les plus probables en ce qui concerne la provenance du tir fatal. Les experts de l’enquête ont abouti à la même conclusion que le rapport du juge Bruguière au sujet de la qualité des missiles SAM-16 et de leur provenance, à savoir la Russie.
Le gouvernement rwandais, aussitôt informé du contenu du rapport balistique, a immédiatement affirmé, par le biais de son Ambassade à Paris et de la presse internationale, que le rapport précise que les missiles utilisées dans l’attentat contre l’avion, dans lequel étaient à bord le Président rwandais Juvenal Habyarimana et le président burundais Cyprien Ntaryamina, provenaient du camp militaire de Kanombe ; l’objectif recherché par le gouvernement rwandais en diffusant l’information était de prouver à la population rwandaise et à la communauté internationale que le FPR et ses proches collaborateurs visés par les mandats internationaux à cause de leur implication présumée dans la descente de l’avion présidentiel n’étaient nullement impliqués dans l’attentat et qu’ils étaient en conséquence lavés de tout soupçon.
Le Parti FDU-Inkingi, après avoir entendu les propos diffusés par le gouvernement rwandais ainsi que le contenu des débats contradictoires suscités par ledit rapport balistique, porte à la connaissance du peuple rwandais et de la communauté internationale ce qui suit :
1. Notre première pensée va aux parents des victimes qui ont perdu les leurs dans le terrible attentat. Nous leur exprimons notre compassion et notre solidarité. Ayant dé jà passé 18 ans, sans connaître la vérité sur l’assassinat des leurs, cela les plonge dans l’accablement le plus total étant donné qu’ils sont incapables de vivre véritablement le deuil et de se reconstruire ensuite.
2. Nos pensées prioritaires se tournent également vers les Rwandais qui ont perdu leur vie suite à cet attentat, élément déclencheur du génocide contre les Tutsis en 1994 et des crimes contre l’humanité qui ont emporté des millions de vie humaine d’autres rwandais. L’onde de choc des crimes s’est étendue dans les camps de réfugiés et dans la forêt équatoriale de la République Démocratique du Congo. Rappelons que ces crimes, perpétrés au Congo, ont fait l’objet du Rapport Mapping des Nations Unies, lequel les qualifie de crimes contre l’humanité, voire de possible génocide contre les réfugiés hutus. Nous restons d’avis que le fait de ne pas faire toute la lumière sur les auteurs de cet attentat et de ces crimes contre l’humanité pousse les parents des victimes au désespoir et éloigne l’engagement pour une réconciliation véritable du peuple rwandais.
3. Ceux qui tirent profit de ces différents rapports successifs et contradictoires sont des criminels qui profitent du brouillage des pistes dans les enquêtes pour se donner des ailes et ainsi empêcher que la justice ait lieu.
4. Nous réaffirmons que le fait que les experts des juges aient inclus Kanombe parmi les 6 sites possibles d’où seraient partis les missiles n’implique nullement que les présumés coupables dans cet attentat, selon le rapport Bruguière, parmi lesquelles figurent des anciens hauts cadres de l’Armée Patriotique Rwandaise sont innocents. En effet, un rapport d’experts ne peut pas lever aussi simplement une décision judiciaire. Nous encourageons la justice française à continuer d’instruire le dossier criminel en entendant des témoins clés, susceptibles de présenter des faits et des preuves probants pour l’éclatement de la vérité. Elle pourrait par exemple entendre l’ancien Ambassadeur du Rwanda aux Etats-Unis, le Docteur Théogène Rudasingwa, ancien Major au sein de l’Armée Patriotique Rwandaise, ex-secrétaire général du FPR et ancien Directeur de Cabinet du Président Paul Kagame.
5. Il n’y a aucune ombre d’un doute que celui qui a donné l’ordre d’abattre l’avion présidentiel est le vrai responsable du déclenchement du génocide contre les Tutsis et des crimes contre l’humanité qui ont été commis au Rwanda en 1994. Dès lors, les Rwandais ont besoin de connaître la vérité sur cet attentat afin que les auteurs de cet attentat soient connus par l’opinion publique et punis conformément à la loi.
6. Le Parti FDU-Inkingi, animé de la recherche de la vérité et de l’esprit de justice, demande que, selon sa charte, cessent à jamais la protection des coupables ainsi que la culture de l’impunité qui ont longtemps marqué l’histoire de notre pays le Rwanda.
7. Le Parti FDU-Inkingi prie instamment les Nations Unies de mettre en place une commission d’enquête internationale indépendante, composée d’experts dans différents domaines, pour que toute la lumière soit faite au sujet dudit attentat et que les responsables de cet acte ignoble et terroriste soient traduits ensuite devant la justice.
8. Nous prions le peuple rwandais de ne pas être distrait par des discours de propagande, d’où qu’ils viennent, dont le but est de ramener une certaine virginité au régime, les détournant des objectifs majeurs que nous nous sommes fixés, à savoir : mettre fin au régime totalitaire et à l’impunité, asseoir un Etat de droit régi par les valeurs démocratiques, le respect des droits de l’Homme, la sûreté individuelle, la non-discrimination, la réconciliation et l’égalité des chances pour tous les Rwandais.
FDU-Inkingi Boniface TWAGIRIMANA
Vice-Président intérimaire.
16Jan